C’est avec cette formule choc qu’un chef de service a demandé à une collègue, adhérente du SNALC, de lui envoyer des documents pour la régularisation d’une prétendue absence de six mois pour maladie.
Ce courriel, outre le caractère agressif et infantilisant, témoigne d’une ignorance crasse du dossier en question : la collègue avait repris depuis 5 mois et demi après 15 jours d’arrêt maladie. Ce type de situation, où le SNALC intervient pour défendre un agent injustement incriminé, semble devenir une pratique courante.
Le SNALC est en effet appelé par de plus en plus de personnels en grave souffrance qui subissent l’autoritarisme d’une poignée de chefaillons trop vite montés en grade. Le SNALC accompagne et défend des collègues inquiétés que l’on somme de se justifier pour des propos qu’ils n’ont pas tenus, des actes qu’ils n’ont pas commis, des intentions qu’on leur prête, des rumeurs que l’on colporte et qui viennent salir leur réputation, allant jusqu’à provoquer des mutations « dans l’intérêt du service ».
L’absence de faits à charge ne semble guère faire sourciller notre institution qui, fidèle à son principe du #pasdevague, met en oeuvre une pseudo-justice expéditive, aveugle et arbitraire. C’est le pot de terre contre le pot de fer, un monde où l’agresseur est félicité et la victime égratignée avec mépris. Ce procédé porte d’ailleurs un nom : « le gaslighting », plus communément connu sous le nom d’enfumage.
Imaginez que nous gérions de cette façon les relations entre élèves, que nous donnions du crédit aux rumeurs, que nous prononcions des sanctions sans faits, sans écouter les différentes parties, avec ce mépris. Quelle image de l’École renverrions-nous ? Les associations de parents monteraient au créneau, à juste titre, et qualifieraient de tels comportements d’inacceptables, de non professionnels ; on parlerait d’abus de pouvoir, voire de harcèlement. Mais quand cette façon de faire touche les personnels de l’Éducation nationale, c’est du « management »…
Dans l’Éducation nationale, il est d’usage que les personnels subissent ainsi un management violent, agressif, qui va jusqu’à en rendre certains malades, les démotiver, les faire démissionner. De telles pratiques, que le SNALC dénonce et combat régulièrement, sont très éloignées de la bienveillance prônée en matière de RH.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1478 du 9 juin 2023