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État des lieux du moral des enseignants du Haut-Rhin

pixabay concord90
© pixabay concord90
Des guides de carrière et 3 mots dans notre sac à dos

Après plusieurs mois de tournée dans les écoles du Haut-Rhin, le SNALC a pu offrir aux collègues du 1er degré (1er degré, AESH) des guides de carrière spécialisés ainsi que d’autres documents utiles à leur parcours professionnel. En retour, nous sommes repartis avec quelque chose d’inestimable : une photographie sincère du moral des enseignants.

État d’esprit des professeurs : 3 mots résument à eux seuls l’état d’esprit de nombreux professeurs des écoles aujourd’hui : fatalisme, peur, débrouillardise. En italique, quelques propos recueillis lors de nos échanges.

Fatalisme : « C’est de pire en pire… » La plupart des enseignants rencontrés dans le département expriment une forme de résignation face à la dégradation de leurs conditions de travail : effectifs surchargés, inclusion sans moyens adaptés, manque de remplaçants, pressions administratives… Beaucoup ont le sentiment d’être spectateurs impuissants d’un « bateau qui coule doucement mais sûrement ». Le manque de reconnaissance aggrave ce malaise, notamment la perte de considération sociale du métier. « Les paroles de Nicolas Sarkozy ont fait énormément de mal… », nous confie un collègue, avant d’ajouter que la colère, toujours présente, empêche parfois d’en parler sereinement. Cette impuissance se traduit par une forte démotivation, voire des velléités de départ. « Je ne me fais plus d’illusions », « Si je trouve autre chose, je démissionne » Autant de phrases qui témoignent d’une frustration grandissante face à l’absence de perspectives.

Peur de l’institution : « #PasDeVagues… » Beaucoup d’enseignants hésitent à s’exprimer par peur de représailles : inspections plus sévères, pressions hiérarchiques, mutations compromises… Dans certaines écoles, les collègues évitent d’évoquer des sujets sensibles, de crainte d’être mal perçus. « On a l’impression d’être dans un jeu où il faut taper les marmottes qui sortent de leur trou… sauf que l’enseignant n’a pas le maillet ! » Ce climat de peur diffuse empêche la dénonciation de situations pourtant inacceptables. Dans une école, une collègue frappée par un élève n’a pas osé signaler l’incident, de peur d’être jugée comme « une mauvaise enseignante ». Lorsque nous proposons à un collègue d’être présent sur une liste électorale syndicale, la réaction est édifiante : « Je ne vais pas être mal vu par mon inspectrice, au moins ? » Ce simple échange illustre à quel point beaucoup préfèrent se faire discrets et encaisser en silence. Mais cette stratégie est loin d’être toujours payante…

Débrouillardise : « On fait avec les moyens du bord… » Face à l’absence de solutions concrètes de l’institution, les enseignants redoublent d’ingéniosité : bricoler du matériel faute de budget, adapter leurs pratiques pour pallier le manque d’AESH, se serrer les coudes entre collègues pour gérer les absences non remplacées… Une collègue, épuisée d’attendre une AESH qui ne vient pas malgré des notifications officielles, résume la situation : « On se débrouille comme on peut, mais ça devient de plus en plus dur… » Si cette capacité d’adaptation est admirable, elle ne doit pas devenir une excuse pour masquer les carences du système. La débrouillardise ne doit pas se transformer en norme institutionnelle où l’administration se décharge de ses responsabilités sur les enseignants.

Un tableau contrasté mais un engagement intact : pour être totalement transparents, notre tournée nous a aussi permis de rencontrer des collègues ayant de bons rapports avec leur hiérarchie : « Dans notre circonscription, notre inspecteur est compréhensif et nous soutient. » Nous avons croisé des enseignants résilients : « Je suis malade, mais je préfère venir travailler pour ne pas laisser mes collègues gérer ma classe… ». Et surtout, nous avons rencontré des collègues dévoués, qui malgré les difficultés, continuent à se lever chaque matin pour leurs élèves. « Moi, c’est pour eux que je fais ce métier. C’est pour eux que je prépare mes cours jusqu’à tard le soir ».

Ces paroles rappellent que l’École tient avant tout grâce à l’engagement de ses personnels, un engagement qu’il est urgent de reconnaître et de soutenir.

 

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