J’imagine, cher lecteur, qu’à l’image de 99% des professeurs, vous accompagnez des Ă©lèves « dys » dans leur apprentissage et que la distinction Ă©tablie dans le titre vous est familière. Pour les 1% des non initiĂ©s, il s’agit de deux techniques de dĂ©chiffrement.
Après avoir sillonnĂ© depuis une vingtaine d’annĂ©es plusieurs Ă©tablissement de la rĂ©gion alsacienne, les diagnostics concernant les Ă©lèves dyslexiques, dysgraphiques, dysorthographiques, dyscalculiques ou encore dyspraxiques ont explosĂ©. A prĂ©sent, chaque classe de collège compte un certain pourcentage d’Ă©lèves dont le profil exige des amĂ©nagements coĂ»teux en temps de prĂ©paration et en termes d’investissement  pour le professeur. Les supports, les Ă©valuations doivent ĂŞtre adaptĂ©s ; la place oĂą l’Ă©lève est assis doit ĂŞtre judicieusement choisie ; enfin, celui-ci doit faire l’objet de soins particuliers, en thĂ©orie.
En pratique, les choses sont bien diffĂ©rentes. Lors des discussions en salle des professeurs, le SNALC Alsace a constatĂ© que ces derniers doivent souvent composer avec les moyens limitĂ©s mis Ă leur disposition et les contingences propres Ă leur matière. En outre, la plupart des collègues avouent ĂŞtre Ă©tonnĂ©s par les exigences dĂ©mesurĂ©es d’une institution qui ne donne rien en retour.
Les professeurs apprĂ©cient moyennement qu’on leur explique qu’un autiste a besoin de calme, d’attention, et d’une place privilĂ©giĂ©e et fixe dans le plan de classe (Quid du travail de groupe et des changements de place qu’il entraĂ®ne). Et ce, pour une classe de 29 Ă©lèves, dans une salle destinĂ©e Ă en contenir 28 (situation vĂ©cue par l’auteur de cet article).
Le professeur rigoureux, conscient qu’il ne peut pas satisfaire les besoins spĂ©cifiques de l’Ă©lève et en fait part Ă sa hiĂ©rarchie sera accusĂ© d’ĂŞtre un tenant de la sĂ©grĂ©gation.
Cette accusation bien-pensante  sert en rĂ©alitĂ© Ă dĂ©tourner l’attention d’une logique comptable qui ne dit pas son nom : inclure des Ă©lèves souffrant de troubles nĂ©cessitant de vraies adaptations dans des classes non adaptĂ©es permet de faire l’économie d’Ă©ducateurs et de structures spĂ©cialisĂ©es.
C’est, en outre, faire injure Ă ces Ă©lèves, qui sont forcĂ©ment mis en situation de souffrance, Ă leurs parents, dont les attentes sont lĂ©gitimes, aux professionnels de l’Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e et bien sĂ»r, aux nombreux Ă©lèves qui ne bĂ©nĂ©ficient d’aucun amĂ©nagement et souhaiteraient Ă©galement faire l’objet des soins du professeur.
Le SNALC tient Ă rappeler Ă cet effet que le rĂ´le primordial du professeur est la transmission d’un savoir disciplinaire. Ces derniers sont recrutĂ©s et formĂ©s dans ce but. L’institution n’a pas le droit de transformer le professeur en chargĂ© de missions diverses et en Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, dans le seul but de faire des Ă©conomies.