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Ce lundi 20 mars, l’ONU a publié son classement annuel des pays où il fait le meilleur vivre au monde, sur la base de critères permettant d’apprécier le bien-être et la qualité de vie familiale et professionnelle. D’autres organismes établissent leur propre classement avec d’autres critères : ainsi, l’OCDE ou encore le magazine CEO World évaluent des notions telles que le sentiment de sécurité, la confiance dans le gouvernement, les moyens que l’État engage pour protéger et gratifier ses citoyens dans la vie quotidienne comme au travail, ou plus vaguement le sentiment de bonheur et de satisfaction de vie.
Dans la plupart des classements, les pays du nord, malgré leurs températures, l’emportent sur ceux du sud quels que soient la beauté de leurs plages, l’intensité de leur ensoleillement ou leur apparente attractivité géographique ou touristique. En tête, la Finlande bat chaque année son propre record en raison de services publics performants, d’une confiance élevée envers les pouvoirs et d’un faible niveau de criminalité et d’inégalités.
Rapportée à la France, la logique du climat aurait pu placer notre académie du Grand Est, marquée par de rudes hivers, en bonne position : il n’en est rien. Au contraire : les témoignages se multiplient quant à l’augmentation des tensions, du sentiment d’isolement face à une pression et une charge de travail croissante, pour une reconnaissance qui se réduit comme peau de chagrin.
La période que nous vivons – avec notamment la réforme des retraites et la prétendue revalorisation des enseignants – finit d’inciter au repli sur soi. Pire, ces réformes ne cessent de mettre nos collègues en concurrence pour quelques miettes jetées à la volée, pour une obole insultante que l’on vous présente comme une augmentation historique. Cette attitude se reflète à l’échelon local dans le décalage abyssal entre le discours et les actes d’un recteur qui se dit pourtant très attaché au dialogue social et soucieux de la situation des agents.
Alors face au déni, contre les mensonges et les politiques de comm’ qui s’assoient sur la réalité qu’endurent nos collègues, quelle attitude adopter ? Que faire quand les personnels et leurs représentants ont perdu toute confiance dans les autorités qui les gouvernent ou les administrent et ne peuvent compter que sur eux ? Comment survivre et retrouver de la sérénité dans un système qui dégrade chaque jour les services publics, qui avance sans considération pour ce(ux) qu’il piétine et écrase sur son chemin ?
C’est par l’intermédiaire de notre vice-présidente, qui revenait justement d’un séjour en Finlande,  que j’ai trouvé certaines clés, des éléments qui, à défaut de résoudre les problèmes que nous rencontrons, pourront nous aider à les affronter, à résister. Et c’est ainsi qu’elle m’a permis de découvrir une notion propre à ce pays : le sisu. Â
Pour ce peuple le plus heureux du monde, le sisu est un mode de vie qui vise à la quête du bonheur. Face aux rudesses quotidiennes du climat, des épreuves, de l’adversité, les Finlandais s’efforcent de répondre physiquement et mentalement présents, en toutes circonstances : ces épreuves ne réduisent pas leur volonté ni leur champ d’action, elles les rendent au contraire plus forts. Il s’agit de faire preuve de bravoure et de persévérance quand la facilité inciterait à renoncer et à rester à l’abri ou au chaud. En quelque sorte, la partie n’est pas finie tant que vous êtes encore debout et n’avez pas de vous-même décidé de vous coucher.
Concrètement, peu importe que la neige recouvre les sols et que l’eau soit à zéro degré : la plupart des Finlandais sortiront prendre un bain dans la mer Baltique ; c’est même une pratique très courante. Ce dépassement de soi, ce renoncement du confort et de la facilité est en soi une victoire qui vous élève et vous rend chaque fois plus fort et plus résistant pour la prochaine épreuve.
Cette attitude ne nécessite pas de coach particulier, et n’implique aucune dépense superflue : ni achat d’équipement, ni régime, ni club, ni salle de sport… c’est un mode de vie sobre qui se contente de s’adonner à des choses simples à portée de main. Agir, sortir, vivre pour dépasser et vaincre la contrariété, la déception et ne jamais les laisser s’imposer sur nos vies.
Le SNALC cultive le sisu et vous invite à le suivre. Nous ne sommes pas résignés, nous ne sommes pas non plus des têtes brûlées : nous vous proposons juste, dans cette période compliquée, de rester debout et de continuer, ensemble, à résister.
Pour cela, les adhérents du SNALC pourront compter sur mon équipe. Je tiens à les remercier ici de l’hommage qu’ils m’ont rendu lors du dernier congrès académique et de la confiance qu’ils m’ont renouvelée en me réélisant à la présidence du SNALC de Strasbourg, fonction que j’occupe depuis 8 ans, déjà . Avec eux, avec vous demain si vous le souhaitez, ensemble, nous pratiquerons le sisu à la chasse aux soucis.
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Edito du SNALCTUALITES du 24 mars 2023