Académie de Strasbourg - 23 juin 2023
Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs les membres du Comité Social d’Administration académique,
Depuis de longs mois, le SNALC ne cesse de vous alerter sur la crise qui frappe notre Ecole : une crise sans précédent, une lame de fond !
Le SNALC s’interroge donc sur la traduction dans les faits du dialogue social dans les différentes instances, notamment celles censées prendre en compte et remédier auxproblématiques concernant la santé et les conditions de travail. Le SNALC a vu, ces dernières années beaucoup (trop) de collègues craquer, démissionner, … qu’ils s’agissent d’enseignants, de personnels de direction, d’éducation, d’accompagnement ou BIATSS, tous consciencieux et impliqués…
Le SNALC déplore l’absence de prise de conscience par le gouvernement de l’état réel de l’Éducation nationale et de ses personnels. Les mesures annoncées récemment ne traduisent aucunement une priorité donnée à l’École, qu’elle soit budgétaire ou humaine. Le Pacte (point 6 de l’ODJ) apparaît comme une manœuvre pour pallier les déficiences du recrutement, le manque d’attractivité de nos métiers, …Il n’y a aucune revalorisation des métiers de l’EN, puisque la majorité des personnels, à travail constant, vont perdre en pouvoir d’achat. Ces mêmes personnels témoignent de leur colère, de leur fatigue, de leur usure : le terme qu’on entend le plus en réunion qu’ils s’agissent de celles à l’occasion des travaux de fin d’année ou des séminaires départementaux pour les cadres est « usant », « notre métier est usant » ! Dans le même temps, la communication gouvernementale fait passer les professeurs, CPE et psychologues pour des fainéants qui pourraient quand même en faire davantage ; les AESH et les AED sont placés dans une précarité forcée ; la barque des directions d’école et d’établissements est chargée encore davantage. Quelle méconnaissance de la charge quotidienne de travail et de la charge mentale des personnels !
Monsieur le Recteur, en tant que représentante nationale pour le SNALC des personnels de direction, je me permets d’attirer également toute votre attention sur la situation des personnels de direction, ceux que vous désignez souvent sous le terme de« responsables » d’établissement : peut-être parce qu’ils sont « responsables », mais certainement pas « coupables », tant les conditions de travail se sont notablement dégradées.
En cette fin d’année, au gré des événements médiatisés, dont certains malheureusement dramatiques, les injonctions d’actions se multiplient dans tous les sens, parfois contradictoires ; les personnels de direction doivent intervenir sur tous les fronts : les atteintes à la laïcité avec la multiplication du port de tenues à connotation religieuse, la prévention du harcèlement, la prévention des unions et mises en couple forcées et des mutilations sexuelles féminines tout en maintenant la poursuite des apprentissages jusqu’à la fin de l’année scolaire et ce, malgré un calendrier complexe que ce soit en lycée ou en collège.
A tous ces sujets, s’ajoute le Pacte, autour duquel il faudrait parvenir à fédérer et ce, avant même que tous les textes ne soient parus. Ce Pacte induit des pressions supplémentaires sur les personnels par le biais de ces missions dites prioritaires sur toutes les autres Le Pacte va compliquer le travail de direction dans les établissements scolaires et les écoles alors qu’il était censé le faciliter, ajoutant « confusions et tensions », selon les expressions mêmes des collègues qui appellent le SNALC à ce sujet.
Le SNALC demande à ce qu’on arrête la prise de décision au doigt mouillé, et que le président de la République, le ministre et vous-même M. le recteur, présentent leur politique pour ce qu’elle est : une politique du « travailler plus pour gagner plus », une politique qui aggrave la crise des recrutements, une politique anti-humaniste et déconnectée. Une politique qui ne se demande jamais ce qu’elle peut faire pour l’École. Une politique qui a fini par vider de son sens le mot « politique ».
Le SNALC vous remercie de votre attention.