Que l’institution prenne ses responsabilités et que les enseignants soient solidaires pour combattre les atteintes multiples et nombreuses à la laïcité, c’est la teneur très résumée de la conférence qu’a donné Henri Pena-Ruiz lors du congrès qu’organisait le SNALC – ALSACE le jeudi 11 avril au collège Marcel Weinum de Brumath autour de cette question brûlante d’actualité. Devant un parterre de près de 80 participants de tous statuts, chef d’établissement, AED, AESH, professeur des écoles, TZR, médecin scolaire, etc, – car la laïcité est l’affaire de tous – , le philosophe, assisté de Mme Solange de Jésus, membre du bureau national du SNALC chargée des principes et des valeurs de la République, a été d’une grande clarté.
Le propos d’Henri Pena-Ruiz, lauréat du prix national de la laïcité, appuyés par de nombreuses références historiques et philosophiques, a permis de placer le débat au bon niveau en convoquant tour à tour Voltaire, Montesquieu, Victor Hugo, Jules Ferry, Ferdinand Buisson ou Jean Jaurès, sans éluder l’actualité de cette question depuis l’affaire de Creil de 1989 jusqu’aux dramatiques assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard. Membre en 2004 de la commission Stasi, le philosophe est revenu sur les objectifs de celle-ci et sur la portée de la loi contre les signes ostensibles, improprement qualifiée alors de « loi sur ou contre le voile » par des médias paresseux ou des politiques ignorants. Au passage, M. Pena-Ruiz a salué l’action du SNALC qui fut à l’époque la seule organisation syndicale à approuver cette loi, conscient qu’il en allait de la défense des valeurs de la République et de la préservation d’un climat scolaire serein et propice aux apprentissages.
Le philosophe a fustigé ensuite le fanatisme religieux – hier, celui de l’intégrisme catholique, aujourd’hui celui l’islamisme –, a dénoncé le concept de « laïcité ouverte » considérant que le principe était suffisamment clair pour n’avoir pas à être complété – ou minimisé – par un quelconque adjectif, a souligné que l’identité était individuelle et non collective ou communautaire, a préféré évoquer la notion de « convictions spirituelles » plutôt que celle de « convictions religieuses », considérant à juste titre que l’athéisme, l’agnosticisme, le rationalisme devaient être placés au même niveau que la foi proprement religieuse. Il est revenu également sur la notion de neutralité, l’incongruité du Concordat, l’esprit du service public, et la portée universaliste, héritée de la Révolution française, de la laïcité.
Au terme d’un exposé dense et enrichissant, Henri Pena-Ruiz a répondu à plusieurs questions, démontrant dans chacune de ses réponses que l’humanisme était au cœur des valeurs républicaines.
L’après-midi, Mme Solange de Jésus, a consacré, elle, sa présentation aux aspects pratiques de la question, faisant d’abord un état des lieux de la situation, puis donnant aux participants des conseils, des pistes, des références pour gérer au mieux les difficultés concrètes qu’ils pourraient rencontrer dans leurs établissements et dans l’exercice de leurs métiers. Quelques participants, en donnant des exemples précis et vécus, ont souligné que le « pas de vague » continuait à être d’actualité, et que malheureusement c’était parfois le réflexe premier de certains enseignants eux-mêmes, par facilité, par méconnaissance ou par peur. Des personnels du 1er degré ont insisté sur les difficultés propres qu’ils avaient à gérer et à signaler des atteintes à laïcité de plus en plus fréquentes dans leurs établissements, n’étant pas toujours soutenus par leurs hiérarchies. Le SNALC – ALSACE se tient à leurs côtés ; qu’ils n’hésitent pas à se tourner vers lui.
Conformément à son histoire et à ses engagements passés, le SNALC entend plus que jamais défendre les principes de l’Ecole républicaine.