La réforme des lycées professionnels est véritablement un grand chamboule-tout qui, en l’espace de de trois ou quatre années, risque de transformer peu à peu les LP en autant d’annexes de France Travail. C’est la teneur très résumée de la présentation qu’en a faite Valérie Lejeune-Lambert, secrétaire nationale à la voie professionnelle, lors du congrès organisé par le SNALC de Strasbourg le 20 février dernier au lycée Schwilgué de Sélestat.
Valérie Lejeune-Lambert présenta avec pédagogie et précision les mesures principales de cette réforme tentaculaire : la mixité des publics, les dispositifs « Tous droits ouverts » ou « Ambition emploi », les formations complémentaires Bac + 1, le nouveau calendrier de l’année de terminale. Notre secrétaire nationale insista sur la perte de 170 heures de formation et de deux semaines de PFMP obligatoires sur les trois années de bac pro. La présentation de la convention signée en novembre dernier entre la région Grand Est et la région académique, permit de montrer la volonté d’accélérer la modification de la carte des formations pour mieux « coller » aux besoins du marché local de l’emploi. Certaines classes insuffisamment « insérantes » sont déjà impactées dans notre académie.
Les échanges entre les collègues présents permirent de confirmer ce que le SNALC de Strasbourg a relevé comme les premiers enseignements de cette réforme, qu’il s’agisse des difficultés à recruter les responsables du Bureau des entreprises (BDE), de l’opacité autour de leurs compétences, des désillusions de certains d’entre eux qui affirment ne pas souhaiter renouveler leurs contrats ; qu’il s’agisse aussi des retards à l’allumage concernant l’allocation de PFMP versée aux élèves et les réclamations de certains ; qu’il s’agisse de la fatigue de certains collègues qui, multipliant la signature de pacte pour des raisons financières, arrivent à saturation au bout de six mois.
Devant l’étendue de la réforme, un temps plus long aurait sans doute été nécessaire afin d’aborder d’autres aspects de celle-ci, comme la pédagogie Profan, appelée se déployer dans toutes les académies d’ici juillet 2025, ou l’autonomie accrue des chefs d’établissement.
Chacun des participants à ce congrès en est sorti convaincu : le récent changement de gouvernement ne remet nullement en question les intentions premières de cette réforme, dont la finalité apparaît clairement si l’on sait lire entre les lignes et que l’on veut bien se donner la peine de le faire. Et ce n’est pas la communication dilatoire ou tonitruante des différents ministres, leurs déclarations maladroites ou leur valses-hésitations qui en changera la donne : l’annualisation des services sera le terme de celle-ci.
Sans doute de trop nombreux collègues de la voie pro n’ont-ils pas encore pris pleinement conscience des implications d’une telle réforme multiforme, qui touche à tout et sans pause, n’aura aucun égard pour eux et qui, sous prétexte d’adaptation et de souplesse au marché local de l’emploi, aboutira progressivement à « casser » les derniers piliers qui empêchaient la structure « lycée pro » de s’effondrer : la référence au groupe-classe et un emploi du temps régulier et fixé à l’avance.
Le SNALC, pour sa part, continuera de les informer sur la réalité de cette réforme et d’appeler à s’y opposer, dans l’intérêt des élèves et de la qualité de leurs formations.