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Gaston, y a l’téléphon…

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Edito du SNALCTUALITES du 17 octobre 2022

 Par Jean-Pierre GAVRILOVIĆ
Président du SNALC de l’académie de Strasbourg

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Je suis représentant syndical du SNALC. Mon téléphone n’a jamais autant sonné. Quelle que soit leur fonction, les femmes et les hommes qui m’appellent témoignent de tensions épuisantes, de manque de reconnaissance voire d’ingratitude, et de difficultés financières croissantes. 

Ce sont là les raisons principales qui expliquent le déclin d’attractivité de nos métiers. Côté rémunérations, il faut dire que l’écart se creuse entre les fonctionnaires de l’Éducation et leurs homologues de même catégorie dans d’autres fonctions publiques : à titre d’exemple, il est en moyenne de 900 € net mensuels pour un professeur (cat. A). Les enseignants ne sont pas les seuls touchés par ce déclin. Regardons par exemple du côté des médecins de l’EN dont l’effectif se réduit chaque année comme peau de chagrin – les personnels infirmiers leur emboîtent le pas. Saviez-vous qu’il y a plus de vétérinaires chargés de prendre soin des 2500 chiens et 1400 chevaux du ministère des Armées, que de médecins de prévention dans l’Éducation nationale pour soigner plus d’un million de personnels ? Au passage, cela en dit long sur l’intérêt porté à la santé et au bien-être des agents. Ça tombe bien : cet édito va justement s’attarder sur la façon dont on soigne, dans l’académie de Strasbourg, les « ressources humaines » – trop souvent hélas simples « ressources NUMEN ».

Côté pile, il y a les mots, les annonces, la com’, surtout face aux médias : « les ressources humaines du rectorat [sont] « au plus près » des personnels en difficulté » titre L’Alsace dans son édition du 15 octobre dernier, rapportant les propos des services RH selon lesquels « Les personnels […] doivent pouvoir compter sur leur hiérarchie ». Côté face, ça sonne souvent dans le vide, et il faut s’armer de patience et de persévérance pour obtenir une écoute.

Appelez le SNALC : on vous répondra, par mail ou par téléphone, on vous rappellera, on ne vous laissera pas seul. On vous écoutera, on vous entendra, mais surtout, on agira pour porter votre demande, vos intérêts réels et légitimes, pour que vous puissiez bénéficier d’un meilleur traitement. C’est l’essence même de notre action syndicale. Nous ne faisons pas de politique, nous ne sommes pas là pour vous imposer notre vision de l’actualité ou vous intimer le ralliement à telle ou telle cause sociale – si noble soit-elle –, nous nous en tenons à la mission pour laquelle vous nous avez mandatés : celle de défendre exclusivement mais efficacement vos intérêts professionnels. C’est sur cet engagement que vous pourrez nous accorder votre confiance et voter pour nos listes lors des élections professionnelles du 1er au 8 décembre prochain. Vous ne serez ainsi pas représentés par des blablateurs, mais par des collègues investis qui agissent sur le terrain en votre présence pour vous accompagner, vous rencontrer, vous défendre et, quand c’est nécessaire, pour remettre les points sur les -i et les pendules à l’heure là où l’on porte atteinte à vos droits, à votre dignité, à votre santé. Comptez sur notre présence autant que sur notre détermination, y compris quand il s’avère difficile d’obtenir une réponse, un rendez-vous : même les sourdes oreilles, quel que soit la tête qu’elles encadrent, finissent par nous entendre.

On a souvent pensé que j’étais parti en croisade contre les chefs d’établissement. C’est du moins la drôle de bannière dont a tenté de m’affubler le syndicat majoritaire dans ce corps d’encadrement, plusieurs fois piqué par mes coups de semonce à l’encontre de quelques roitelets. Il n’en est rien. Je m’adresse ici à tous les personnels de direction qui font de leur mieux dans des conditions plus que difficiles, entre directives, injonctions, désorganisation, incohérences… et dont la loyauté est constamment prise en otage. La préparation d’une rentrée, par exemple, est chaque année un défi lancé à l’intelligence humaine des personnels de direction, avec l’obligation impérieuse de résultat et l’interdiction de se plaindre.

Mon combat n’est pas dirigé contre des femmes et des hommes au seul prétexte qu’ils occuperaient des fonctions d’encadrement. Ce serait stupide – et je ne suis pas surpris que mes détracteurs tentent de me faire passer pour tel. Par mes fonctions au SNALC, j’ai moi aussi plusieurs équipes sous ma responsabilité et de nombreux caractères et individualités avec lesquels il faut composer – ce qui est loin d’être simple. Il est difficile de coordonner et mener une équipe avec des appétits, des talents et des compétences très différents, tâche plus complexe encore lorsqu’il faut contenir des querelles d’égos.
Mon combat est tout entier dirigé contre l’injustice, contre le mépris. Peu m’importe votre fonction, peu m’importe que vous soyez titulaire ou contractuel, simple membre de l’équipe ou personnel hiérarchique, AESH, professeur, secrétaire ou ministre… Je vous traiterai avec l’égard et le respect dus à la personne que vous êtes en fonction de vos actes, et non selon votre titre. Mon estime sera à la hauteur de votre humanité et non de votre autorité.

Quand l’autorité est mal assise, elle s’agrippe à ce qu’elle peut pour tenter de s’ériger et provoque beaucoup de dégâts. On constate alors des abus de pouvoir qui reposent sur une méconnaissance crasse des textes et du droit élémentaire, des intimidations et des pressions comme méthodes managériales, une infantilisation pour rabaisser à défaut de savoir s’élever par ses qualités propres, et j’en passe. Les personnes consciencieuses et professionnelles, au parcours appliqué jusque là sans histoire, sont souvent des proies faciles ; pour peu qu’elles soient isolées, l’étau se referme, la pression s’amplifie jusqu’à l’étranglement, parfois dans l’indifférence collective.

C’est souvent à ce stade que le SNALC reçoit un appel au secours. Y compris de chefs d’établissement ayant à subir ces méthodes de la part de leur propre hiérarchie. Car il y a un fait unanimement partagé à tous les étages : c’est la gestion désastreuse des ressources humaines dans l’Éducation nationale. Notre précédente rectrice, Elisabeth Laporte, n’avait certes pas toutes les solutions mais je dois reconnaître qu’elle était à l’écoute des problèmes et répondait toujours aux signalements, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. À titre d’exemple, un groupe de collègues harcelées dont le dossier est dans les mains de notre avocat a essuyé quatre reports d’audience depuis la rentrée pour une demande de protection fonctionnelle urgente… J’ai parfois l’impression que le rectorat cherche à gagner du temps pour mettre en place sa défense plutôt que la protection de ses agents. Heureusement, la persévérance a fini par payer et nos collègues sont désormais sous protection.

Les cas graves, et lourds de conséquences sur la santé et parfois la vie de nos collègues, ne sont heureusement pas les plus nombreux. La plupart du temps, je rencontre des personnes dévouées de part et d’autre, qu’une simple incompréhension, un malentendu, une maladresse ont pu mutuellement froisser. Le dialogue initié à l’occasion de l’entretien permet d’identifier l’origine des problèmes, de clarifier les positions et intentions de chacun, de s’excuser éventuellement et de repartir sur une situation apaisée. L’an dernier, ce sont ainsi plus d’une vingtaine d’entretiens que le SNALC a accompagnés.

L’exercice de nos métiers rencontre naturellement beaucoup de défis et de difficultés ; c’est un grand soulagement que de pouvoir les affronter ensemble dans un climat de confiance mutuelle, loin des tensions internes, avec – pourquoi pas – le plaisir de travailler dans une équipe dont la cohésion agit au bénéfice de chacun, élèves, personnels enseignants, non enseignants et bien entendu de direction.

Pour finir, je veux saluer la mémoire de l’un d’entre eux : notre collègue Patrice Schmitt. C’est justement au cours de l’un de ces entretiens, alors qu’il était adjoint au lycée Rostand, que nous avions croisé le fer de nos points de vue. Au-delà de nos divergences ponctuelles, j’ai apprécié son professionnalisme et l’humanité avec laquelle il tentait d’œuvrer au mieux dans sa difficile mission. Patrice nous a quittés quelques jours avant la rentrée. Il laisse, comme un modèle, le souvenir de son dévouement et de sa bienveillance, de Rostand en Nouvelle Calédonie en passant par Heiligenstein. C’était un chef qui savait susciter l’enthousiasme autant qu’imposer le respect, un chef juste, de ceux que l’on aime suivre et dont on doit s’inspirer. Repose en paix, mon ami.

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