Comme chacun sait, l’école n’est plus le sanctuaire préservé, dédié au savoir, tel que nous avons pu le connaître ; les réseaux sociaux ont lentement gangrené l’institution comme un cheval de Troie le ferait au cœur d’un système informatique et ont contribué insidieusement à détruire le climat scolaire, à bas bruit, en instaurant une sorte de pagaille malveillante, orchestrée par des anonymes qui travaillent dans l’ombre, tissant leur toile d’araignée géante et planétaire où tout est bon pour déstabiliser et prendre au piège les adolescents, aussi bien que les adultes qui perdent leurs repères, dans ce jeu pervers et cette escalade malsaine. Combien de C.P.E. sont au bout du rouleau à force de gérer des conflits, consécutifs au harcèlement par téléphone portable interposé ! Le réseau le plus décrié et aussi le plus utilisé par les jeunes est Tik Tok (application mobile de partage de vidéo et de réseautage, créée par une entreprise chinoise, destinée au marché non chinois) où chacun peut mettre en ligne la vidéo la plus débile qui soit et encore je pèse mes mots ! Plus c’est médiocre, plus ça fait le buzz… Le dernier en date est le « Labello challenge » qui consiste à consommer intégralement un stick de baume à lèvres, puis à mettre fin à ses jours pour les plus courageux ou tout au moins à se faire du mal. L’école n’est plus un lieu paisible et serein où l’élévation d’esprit a sa place, elle ne peut plus jouer son rôle d’ascenseur social pour les jeunes les plus défavorisés ou instaurer un climat serein, permettant à certains d’échapper pour un temps à des difficultés familiales, mais bien un lieu d’insécurité où menaces et insultes pleuvent et où l’élève qui a la capacité de nuisance la plus affûtée est salué comme un héros. En bref, les valeurs sont inversées et les enseignants assistent impuissants au drame quotidien qui se jouent sous leurs yeux, puisqu’ils n’ont pas voix au chapitre, il faut bien le reconnaître et avouer que tout cela les dépasse ! L’enseignement devient secondaire et le quotidien est rythmé par la gestion de crises générées par ces réseaux sociaux qui font l’effet d’une bombe à retardement ! Les parents ne mesurent pas toujours le danger auquel sont exposés leurs enfants, ainsi que la pollution mentale qu’ils génèrent et croient naïvement que l’enseignant est de mauvaise foi. Pour l’administration, mieux vaut glisser la poussière sous le tapis, c’est plus confortable, d’autant plus qu’une vidéo a vite fait de circuler pour incriminer celui qui ose parler ! Qui aura le courage de sortir du politiquement correct pour dénoncer les méfaits causés par les réseaux sociaux sur le psychisme de nos jeunes ? Quelle société voulons-nous pour demain ? Ce qui devait initialement être un outil numérique pour créer du lien et se positionner sur l’actualité devient une plaie, au sens propre et au sens figuré du terme, que nous sommes amenés, en tant qu’enseignants, à gérer au jour le jour. Je souhaite me faire l’écho de l’exaspération qui règne actuellement dans les établissements scolaires à ce sujet.