Je suis directeur d’école…
Je suis en souffrance.
Je meurs dans l’indifférence.
J’en parle mais je n’intéresse personne.
Tout au plus des sourires ou des commentaires gênés.
Comme si la souffrance et la douleur étaient contagieuses.
Ma hiérarchie ne comprend pas, ne voit pas, n’entend pas, ne veut pas savoir.
Cela fait bien longtemps qu’elle cherche à se préserver.
Au mieux, on m’ignore, au pire on me culpabilise.
Si je me médiatise, j’aurai la chance de ne pas mourir dans l’oubli.
Enfin, pas trop vite.
Dans le même temps, ceux qui ne se sont pas fait connaître disparaitront sans même que l’on connaisse leur nom.
Et pourtant j’en parle mais je me heurte à l’indifférence de tous ceux qui défileront derrière mon cercueil en criant au scandale quelle que soit leur obédience.
La seule chose qui fait encore sens me concernant, ce sont les voix de mes pairs.
Ils partagent les mêmes tourments.
Des brebis égarées sans repère, sans guide, marchant au bord d’un précipice que leurs semblables ont eux-mêmes creusés.
Je suis Christine Renon, Caroline Grandjean et tous ceux dont j’ai oublié le nom ou que je n’ai jamais connu.
J’étais directeur d’école.
J’étais en souffrance.
Je suis mort dans l’indifférence.