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L’abécédaire pédagogique de l’EPS du SNALC

khalus
© khalus

Après avoir rencontré plusieurs collègues, j’ai été encouragé à rédiger cet ensemble de textes regroupant des réflexions touchant notre profession. J’ai donc essayé de regrouper dans ce dossier plusieurs interrogations, inquiétudes et réponses utiles à notre quotidien en EPS. Je me suis amusé à rédiger 26 articles organisés en sections thématiques allant de la lettre A à Z. 

Je vous rassure d’avance, les lettres rapportant beaucoup de points au Scrabble ont trouvé leur thème. Je pense que certains éléments vous seront fort utiles et d’autres seront matière à nourrir la réflexion de notre discipline. Cet abécédaire pédagogique de l’EPS peut devenir semestriel s’il rencontre un intérêt auprès de vous. Il se nourrira des échanges et des questions portés par les acteurs du terrain, les formateurs, les dernières publications scientifiques et l’évolution du cadre institutionnel.

 

Le SNALC, deuxième syndicat de l’enseignement en voix et en sièges, a pour ambition de continuer à développer son secteur EPS. Il m’offre ainsi la possibilité de m’exprimer et d’essayer de faire porter la voix de collègues adhérents, sympathisants ou tout simplement curieux. En espérant que ce corpus de document vous sera profitable, je vous souhaite bonne lecture. 

Qui suis-je ?
Je suis professeur agrégé d’EPS, actuellement dans l’académie de Strasbourg. J’enseigne depuis 22 ans. J’ai déjà pu intervenir dans le 1er degré, auprès de tous les publics scolaires du second degré et également dans la formation universitaire (INSPE et préparation aux concours). J’ai pu exercer à Paris, sur l’île de la Réunion et en Nouvelle-Calédonie ; ça m’a permis de découvrir des horizons enrichissants et des personnes remarquables. J’ai plusieurs cordes à mon arc, j’aime aller à la rencontre des collègues et je crois fortement à l’idée du bien-être de tous au travail. Ces quelques éléments me semblent utiles à communiquer pour que vous ayez une petite idée de la personne qui est à l’origine de ces prochaines lignes.                 
Adil BEN AISSA

Partage d’expérience : « Je n’en peux plus. Il faut absolument faire quelque chose avec « ta » classe. C’est impossible de faire cours : les élèves ne tiennent pas en place ». Professeur principal de cette classe de 5e regroupant les élèves de la section football du collège, je devine dans le regard désabusé de mon collègue un sentiment d’impuissance. Il peut être tentant de se contenter d’incriminer l’influence du smartphone (voir par exemple le surprenant syndrome FOMO « Fear Of Missing Out ») ou encore de regretter cette culture exacerbée du zapping des dernières générations (certains auteurs les qualifient de Z ou encore d’alpha). On comprend que la problématique de l’attention est un grand classique de l’enseignement.

Pour avoir participé à deux formations sur la gestion mentale (Antoine de la Garanderie) et enseigné les théories de l’apprentissage (notamment l’apport des neurosciences), j’ai l’impression de comprendre les mécanismes de l’attention et de la concentration. Mais concrètement, qu’est-ce que je fais avec toutes ces belles connaissances sur le terrain ?

J’ai toujours la même démarche (symbolisée par les initiales CHAR) quand je suis confronté à une difficulté : Constats (quoi) – Hypothèses (pourquoi) – Actions (comment) – Régulations.

Me méfiant de tout discours moralisateur avec des adolescents, parce que rarement productifs, je me décide de tenter une approche signifiante pour « mes » élèves. Ils aiment relever les défis : « Etes-vous capables de tenir 5 minutes assis sur vos chaises sans parler et sans vous retourner, les mains posées sur la table ? Si vous réussissez, on pourra faire « foot » à la prochaine séance d’EPS ». « Trop facile !» a été leur première réaction. A l’aide d’un vidéoprojecteur, un compte à rebours égrène les secondes sur le mur. Verdict : « Pas de football ». Ça a été très compliqué puisqu’au bout d’une minute, certains avaient déjà échoué. Et par un effet domino, ils ont perturbé les autres.

A l’heure de vie de classe suivante, ils ont demandé à refaire l’exercice. Le challenge est devenu collectif. « Soit tout le monde le réussit ou alors personne » Au bout de quelques tentatives, ils ont finalement (enfin) réussi.

J’ai refait ce défi différemment par la suite. En laissant un stylo (ou autre distraction potentielle) sur la table. La tentation de le manipuler en a fait céder plus d’un. Plus tard, la situation s’est transformée en 10 minutes de lecture en silence. Finalement, on s’est rapproché doucement du fameux dispositif national du « quart d’heure de lecture ».

Aujourd’hui, avec toutes mes classes de la filière professionnelle (esthétique, métiers de la mode…) je continue cet apprentissage de l’attention. Je propose cette fois-ci des séances de sophrologie. Se concentrer sur sa respiration et trouver un état d’a-tension (donc de non-tension) sont de véritables défis pour certaines personnes.

Quelles que soient les approches, j’ai une certitude en tout cas : tel un muscle, il faut entraîner régulièrement cette capacité d’attention.

En 2022, les collègues ont participé à une enquête pour mesurer leur bien-être au travail. Voici quelques résultats plutôt éloquents et qui soulignent une profession pas toujours épanouie : les membres de l’Education nationale évaluent leur satisfaction professionnelle à 6 sur 10 contre 7,2 pour les Français ayant un emploi.  On ne s’étonnera pas des faibles scores concernant les perspectives de carrière (3,1 sur 10) et le niveau de rémunération (3,4 sur 10). Ces chiffres viennent corroborer les actions du SNALC pour améliorer les conditions de travail de toute la profession.

Source : Radé É., 2022, « Premiers résultats du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale exerçant en établissement scolaire« , Note d’Information, n° 22.31, DEPP. https://doi.org/10.48464/ni-22-31

En 2022, vous avez peut-être entendu parler de la polémique autour d’un “projet santé” mené en EPS avec une classe de 6e. Une collègue a mesuré et pesé ses élèves pour pouvoir suivre les effets de l’alimentation et de l’activité physique sur leur corps. La démarche a reçu d’énormes critiques de la part de certains parents jugeant ces mesures traumatisantes pour leurs enfants. Comprenant à la fois l’inquiétude des parents et l’intention pédagogique de l’enseignante, il nous semble important d’alerter les collègues sur la nécessité d’anticiper à l’avenir ce genre de situation. Les collègues EPS sont souvent confrontés aux parents quand ils doivent gérer des incidents, des actes d’indiscipline, des inaptitudes…

La plupart du temps, cela se passe bien. Ils font ainsi preuve d’un savoir-faire professionnel dans l’acte de communiquer avec les parents (Référentiel des compétences des métiers du professorat et de l’éducation de 2013). Parfois, il peut y avoir des incompréhensions et donc des tensions. La loi de Refondation de l’école (2013) accorde une place centrale aux parents. Ils sont définis comme des acteurs essentiels de la coéducation. On doit donc considérer enseignants et parents comme partenaires (membres du bureau AS, du CA, réunion parents profs…). Mais, il est bon de rappeler les places de chacun pour éviter confusion, qui pénalise en fin de compte la réussite des élèves. La coéducation n’est ni du co-enseignement et ni de la cogestion de l’espace scolaire mais un rapport gagnant-gagnant pour l’intérêt de tous.

Plusieurs dispositifs existent dans l’éducation nationale et les professeurs d’EPS sont souvent directement concernés. Zoom sur le dispositif UPE2A (Unité Pédagogique pour Élèves Allophones Arrivants) : les enfants et les adolescents allophones qui viennent d’arriver sur le territoire français sont pris en charge pour leur permettre de suivre une formation scolaire adaptée (enseignement prioritaire du français). Ce n’est pas une classe fermée mais bien une structure régie par la circulaire n° 2012-141 du 2-10-2012 : « La scolarisation des élèves allophones relève du droit commun et de l’obligation scolaire. Assurer les meilleures conditions de l’intégration des élèves allophones arrivant en France est un devoir de la République et de son École […] Il convient néanmoins d’intégrer ces élèves dans les classes ordinaires lors des cours où la maîtrise du français écrit n’est pas fondamentale (EPS, musique, arts plastiques, etc.), et cela pour favoriser plus concrètement leur intégration dans l’établissement scolaire ».

A la question de savoir si un professeur d’EPS peut refuser d’accueillir dans sa classe un élève allophone, la réponse semble aller de soi. Les inquiétudes restent cependant légitimes : comment vais-je réussir à transmettre mes consignes de sécurité quand je suis en séquence escalade ? Comment favoriser les échanges entre élèves dans un projet de coopération ? Doit-on considérer que le collègue lauréat de son concours devient de facto compétent puisqu’il est censé devenir expert des apprentissages dès le moment où il est titularisé ? Soit. Mais qu’en est-il de l’ensemble des enseignants contractuels ? Parce que les bonnes intentions ne suffisent pas toujours à garantir une efficacité professionnelle, le SNALC considère qu’on doit garantir aux enseignants une formation continue de qualité pour qu’ils puissent s’adapter sereinement aux multiples publics. Différents gestes professionnels méritent qu’on leur accorde du temps : savoir instaurer un rituel signifiant pour permettre la prise de parole (usage d’un imagier par exemple), favoriser le tutorat (élève), être capable de transmettre des consignes précises et claires avec une élocution lente et à l’aide de gestes si nécessaire ou encore savoir exploiter une démonstration pour favoriser la compréhension… Il en va de la qualité de la relation pédagogique et de la réussite de tous nos élèves.

Avez-vous entendu parler de la récente annonce d’une mise en place de cours d’empathie ? Le développement de cette compétence psychosociale aurait pour finalité de favoriser le vivre ensemble et donc de réduire les phénomènes d’harcèlement scolaire. Dans l’univers scolaire où la primauté est donnée à la raison, on peut apprécier qu’on s’intéresse davantage aux compétences émotionnelles. Tous les enseignants font déjà de l’empathie cognitive : ils s’intéressent en effet aux perceptions des élèves pour mieux les aider au niveau des apprentissages. Nous considérons que nous, professeurs d’EPS, sommes des experts dans le domaine de l’empathie cognitive mais aussi émotionnelle. L’engagement moteur en EPS est notre préoccupation essentielle. Les émotions permettent à chaque individu d’engager son JE dans le JEU.

Est-ce que ces 30 minutes de cours par semaine auront une forme de discours moralisateur ? Ou bien, comme nous le croyons, les compétences psychosociales doivent-elles se développer en vivant des situations significatives. Permettons aux élèves de se rencontrer plus souvent sur un terrain de « Je(u) ». Augmentons significativement le temps de pratique moteur pour nos élèves afin de favoriser les connexions, les interactions et le sens de l’autre. Permettons à tous les élèves d’avoir davantage d’EPS que les seules 2 heures en lycée par exemple.

Si on pense que c’est derrière une chaise, ou en laissant chaque adolescent avachi dans son canapé à “jouer” sur son smartphone, qu’on va résoudre la problématique du vivre ensemble, je pense qu’on n’a pas fini de se lamenter. Utiliser les émotions comme un outil de renforcement du lien à l’autre nous semble être un moyen pour l’EPS d’occuper une place centrale. Il ne faut pas avoir honte de revendiquer une place de choix si on estime sincèrement que notre apport est significatif dans le développement psycho-social d’un enfant et d’un adolescent. En EPS, un enfant entendra « tu n’es pas tout seul », « pense aux autres ». Il expérimente la défaite ou encore la victoire et apprend à relativiser le poids de son égo face à un groupe. Sourires, rires, joies… ces émotions ont le droit de s’exprimer. Frustration, colère, humilité, dépassement de soi, fierté… en permettant un engagement du corps et de sa personne, l’EPS offre un terrain de « Je(u) » extraordinaire. Qu’attendons-nous donc pour voir l’horaire d’EPS augmenter ?

La formation initiale est plutôt de qualité. Cours de psychologie, sociologie, anatomie, pédagogie… Les études en STAPS sont pluridisciplinaires. On entend des critiques sur les concours. La réussite du CAPEPS ou à l’agrégation garantit-elle qu’on soit efficace sur le terrain ? On connaît tous des candidats malheureux qui auraient fait d’excellents enseignants. Chacun se fera son propre avis : “quel intérêt d’avoir un 15 à l’épreuve d’histoire d’admissibilité quand on se retrouvera face à des collégiens qui n’auront pas très envie de courir ?” Ces propos d’un ami malheureusement recalé peuvent se comprendre mais évitons les polémiques. En tout cas, pour l’admissibilité, ce sont bien deux écrits : une épreuve d’histoire et une autre de pédagogie scientifique. De même, il n’est pas rare de ressentir une certaine frustration quand on se retrouve au collège et que cette partie intellectuelle universitaire disparaît. C’est peut-être aussi la raison qui pousse de nombreux collègues à investir le champ de la formation, de la direction, de l’inspection ou encore des postes universitaires.

Cette formation universitaire est un réel et long investissement pour les étudiants. Les périodes de stage sont les bienvenues pour mettre en pratique ce qui a été vu. Passée la période stressante du concours et de la titularisation, il y a la fameuse phase des mutations et des choix par défauts. Difficile de s’épanouir géographiquement en début de carrière. Il faut parfois attendre un long moment avant d’avoir satisfaction pour un poste désiré.

Les collègues qu’on rencontre en début de carrière sont souvent démunis face à des questions juridiques ou tout simplement sur leur métier : est-ce que je suis obligé d’accueillir des élèves d’ULIS dans ma classe alors que j’ai déjà du mal à “tenir” mes élèves ? Est-ce que c’est normal que le chef m’impose deux classes à gérer en même temps sur le même créneau horaire ?

Pourquoi y a-t-il un vide dans ce domaine réglementaire et juridique de la formation ? C’est là où les syndicats effectuent un travail remarquable. Parfois une simple question demande un temps important pour trouver les bonnes réponses. Merci aux syndicats. Un énorme merci pour ce travail chronophage de recherche.

Cette revue numérique a pour ambition, par sa logique de partage des pratiques, de permettre aux collègues de s’autoformer. En tout cas, le SNALC revendique une réelle initiation au droit professionnel. Parce qu’on accueille un public qui évolue, multiple (UPE2A, décrochage, dys…) il ne faut pas avoir honte de se sentir démuni par moment. Ces élèves demandent une attention particulière et du temps de travail supplémentaire pour différencier les apprentissages ou pour remplir les documents administratifs. L’offre de formation doit être à la hauteur de nos besoins. Il est important de continuer à se former tout au long de sa carrière.

Partage d’expérience :

Comment réussir à gérer sa classe pour ne pas se faire déborder par le bavardage ? Quelles stratégies mettre en place pour éviter de se sentir désarmé face à l’indiscipline et au chahut ?

Voilà des questions qui préoccupent la plupart des enseignants, entraineurs, éducateurs et étudiants. On dit à juste titre que les premiers moments sont décisifs quand on prend en charge un groupe d’apprenants. Les conseils pour instaurer un bon climat de travail sont nombreux. Je vous propose une approche qui marche assez bien pour moi : essayer rapidement de répartir les élèves en 3 groupes virtuels.

Prenons le cas d’une classe ordinaire. Les élèves dans la première catégorie (appelons ce groupe A) sont ceux en général qui adhérent assez rapidement au cadre scolaire. Ils représentent souvent la part la plus importante. Un simple « taisez-vous » suffit normalement à rétablir le silence en classe. Ensuite, un petit groupe (nommons le C) concerne des élèves qui rejettent le cadre ou qui se font facilement remarquer. En général, ce sont les premiers prénoms qu’on retient. Les collègues peuvent passer un temps fou à leur demander de se taire, de se retourner…

Enfin, le groupe intermédiaire (défini comme B) est celui qui à mon sens est le plus stratégique à gérer en priorité : tiraillés entre les deux autres groupes, les élèves sont spectateurs de ce qui se joue. Ils peuvent facilement être influencés par les élèves du groupe C (rires, bavardages…). En fonction de la manière dont on va gérer ce groupe B, le rapport de force de la classe peut basculer. Soit du côté A : ça devient une classe largement gérable. Soit du côté C : l’année scolaire va être longue et compliquée.

Mes conseils : ne rien lâcher pour le groupe B. Réagir très rapidement. Expliciter vos attentes. Anticiper l’organisation (Par exemple, éviter de faire asseoir un élève du groupe B avec un élève du groupe C). Avec de l’expérience, un sens de l’observation et des actions ciblées, cette stratégie des 3 groupes vous fera économiser de l’énergie et des sueurs froides.

A peaufiner bien entendu en fonction de votre personnalité, du profil de la classe et de votre expérience. Cette méthode ne doit pas bien sûr vous faire oublier l’individualisation de votre enseignement. Courage.

Après 22 ans d’enseignement avec des publics multiples, cette méthode des trois groupes me donne régulièrement satisfaction. Je continue de la perfectionner. Les élèves changent sûrement et nous poussent donc à améliorer nos stratégies.

Plaidoyer pour une autodérision contrôlée :

Il est midi. Après une matinée bien remplie, la salle des professeurs se remplit. Dans le coin, les professeurs d’EPS se sont vite réunis autour d’une table pour finaliser la répartition des installations sportives et organiser la journée du sport scolaire qui débarque bien vite. Première remarque d’un collègue de sciences « oh les profs de ballon qui travaillent, ce n’est pas vrai ? », deuxième remarque d’un autre collègue de langues « faut les prendre en photo pour immortaliser le coup… (rire) » … Le coordinateur d’EPS grimace même si ses collègues d’EPS sourient. Il sait qu’il n’aura sûrement pas le temps de manger et il savait qu’en venant dans la « salle des profs », ça n’allait pas rater. Un collègue EPS réplique « au lieu de raconter des conneries, va nous chercher à manger ». Rire générale dans la salle. L’ambiance a des allures bonnes enfants mais les conséquences sont souvent terribles. Avec sa tenue sportive qui inspire décontraction et légèreté, un professeur d’EPS apparaît souvent dans l’imaginaire comme un « prof » pas vraiment comme les autres. Il dégage une certaine sympathie et les clichés qui touchent sa discipline ont la peau tenace. Considérée souvent comme une matière mineure dans un univers très cartésien, la discipline peut souffrir d’un manque de considération et de moyens dans de nombreux établissements : dotation budgétaire ridicule quand on connaît le prix d’un seul ballon de qualité, des groupes classes réunis avec un seul professeur d’EPS en lycée professionnel… Honoré de Balzac mettait déjà en garde : « on respecte un homme qui se respecte lui-même » Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir d’humour. Mais attention, de l’autodérision à la dépréciation, il n’y a souvent qu’un pas.

L’autodérision est le fait de se tourner soi-même en dérision. Souvent utilisée comme une forme d’humour, ça permet à priori d’offrir une image sympathique et d’apporter un peu de légèreté dans un quotidien souvent pesant. Peut-on rire de tout ? Les blagues peuvent amuser mais aussi blesser. Une phrase dite avec un ton d’ironie peut faire passer pleins de messages et parfois favoriser à déconsidérer la discipline. Une clef est de manier cet humour avec parcimonie et de ne pas rater l’occasion de briller dans l’établissement. En étant professionnel et irréprochable, l’équipe gagnera en crédibilité. Irréprochable ne signifie pas chercher la perfection, mais effectuer son travail avec sérieux et soigner sa communication. Par exemple, lors des conseils de classe, on a un regard souvent complet sur les élèves. Les études en STAPS apportent assez de “billes” pour avoir un regard croisé sur le comportement d’un adolescent. Donc à nous de rayonner et de montrer l’apport précieux de notre matière dans la formation des jeunes. Ne pas se censurer même si l’élève en question n’a que l’EPS comme matière où il réussit. On voit des collègues qui semblent s’excuser de prendre la parole à ce moment-là ou minimiser la réussite de l’élève dans sa discipline. De même, est-ce que le fait d’avoir des projets EPS, souvent de la taille d’un roman, nous permet-il de montrer notre sérieux et notre valeur au travail ? Quand on voit des fiches d’évaluation qui font 3 ou 4 pages avec de longs pavés pour expliquer un protocole… N’est-ce pas excessif ? A force de vouloir prouver ou justifier notre légitimité à l’école, n’empruntons-nous pas des chemins vraiment contreproductifs ?

Nous sommes des experts de la motricité et nos élèves devraient être considérés comme nos premiers juges. Mais c’est un autre sujet.

Voilà un sujet qui m’intéresse au plus haut point. J’ai rapidement été formé aux pratiques de l’éducation inclusive (2CASH) et j’ai eu l’honneur de former des étudiants de Master sur cette thématique. Mon expérience de terrain et une réflexion très approfondie sur ce thème de l’école inclusive me poussent à vous faire partager quelques idées, qui j’espère vous seront très profitables.

Depuis la rentrée scolaire, avez-vous fait attention si vous aviez des élèves dans vos classes qui ont un PAI ? Si ce n’est pas le cas, je vous recommande vivement de mettre en pause cette lecture et d’aller vérifier. Un PAI désigne un projet d’accueil individualisé pour les élèves ayant des maladies chroniques (asthme, épilepsie, drépanocytose…) et nécessitant un traitement. On trouve dans ce document administratif les recommandations pédagogiques et les actions à prendre en cas de problème. Pour des raisons de sécurité évidente, on ne peut donc pas faire l’économie de sa lecture.

PAI, PPRE, PPS, PAP, ULIS, troubles DYS, UPE2A … le champ de l’inclusion scolaire a son propre jargon. On peut parfois s’y perdre. La loi pour une école de la confiance du 26 juillet 2019 souhaite « assurer une scolarisation de qualité à tous les élèves de la maternelle au lycée, qui prenne mieux en compte leurs singularités et leurs besoins éducatifs particuliers ». On parle d’école inclusive. Le droit à l’éducation pour tous les enfants et adolescents (aptes, inaptes partiels, malades, intellectuellement précoces, allophones ou en situation de handicap) est un droit fondamental. C’est aux enseignants et au système éducatif de s’adapter pour garantir une formation de qualité en prenant les mesures adéquates.

La loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » du 11 février 2005 met en avant deux pistes principales comme protocole d’action : compensation et adaptation du système éducatif :

  • Compensation : pour pouvoir apporter des réponses pédagogiques et éducatives appropriées (aménagements dans la classe, modification de l’offre de formation, usages d’outils notamment numériques, aide humaine…).

 

  • Adaptabilité : traitement didactique adapté à chaque élève, barème d’évaluation spécifique

 

Une formation de qualité existe pour les collègues qui souhaitent investir ce champ : le CAPPEI : Certificat d’aptitude pédagogique aux pratiques de l’éducation inclusive. N’hésitez pas à vous inscrire. Il semble indispensable de permettre aux enseignants d’être formé de manière continue pour optimiser leur capacité à répondre aux besoins spécifiques de chaque élève à besoins éducatifs particuliers (BEP). Ici, l’improvisation et les approximations peuvent avoir des conséquences vite désastreuses.

Je vous présente une approche personnelle que je continue à peaufiner régulièrement. Je la trouve plutôt efficace. L’objectif est de permettre aux élèves à besoins éducatifs particuliers d’apprendre au même titre que les autres élèves :

Avant la leçon : le temps de la conception d’un projet de transformation sur-mesure :

  1. Identifier les obstacles et les axes de transformations clefs (savoir où on veut aller)
  2. Anticiper un dispositif adapté et respecter la diversité des temporalités des apprentissages. La patience est un mot qu’il va falloir apprivoiser dans son quotidien professionnel.
  3. Mettre en place une évaluation individuelle, exigeante et bienveillante.

 

Pendant la leçon : le temps de l’intervention pédagogique :

  1. Favoriser un climat propice aux progrès individuels.
  2. Observer pour une régulation afin de pallier les obstacles : Manifeste-t-il de la fatigue ? Quelles sont les interactions avec les autres élèves ? Comment s’investit-il dans la tâche ? Est-ce qu’il réussit ?
  3. Prendre en compte la diversité des sensibilités des élèves et s’abstenir de vouloir intervenir trop rapidement. Laisser la « magie » opérer quand les élèves interagissent. Savoir rester en retrait et apprécier. Il y a parfois un risque de créer une certaine dépendance de l’élève vis-à-vis de l’adulte.

 

Après la leçon : Le temps des bilans :

  1. S’interroger sur ce qui a été réalisé : Si cela n’a pas déjà été fait, prévoir un temps de discussion avec l’élève. Les observations et les échanges avec le jeune vont vous offrir une vision complète et vous éviter le piège d’un enferment d’un diagnostic pédagogique trop hâtif. D’autant plus que certaines maladies sont évolutives et nécessitent donc des adaptations réactualisées.
  2. Communiquer auprès des collègues et des parents puisque la co-éducation a tout son sens dans ce cas-là. Ne pas hésiter à consulter certaines ressources (Educsol, site des académies…) et demander de l’aide.
  3. Envisager des régulations pour la prochaine séance.

Cette proposition repose sur une approche méthodique et permet à ceux qui en éprouvent le besoin d’avoir un mode d’action testé sur le terrain. N’hésitez pas à vous l’appropriez ou à consulter d’autres démarches. L’essentiel étant de ne pas laisser certains élèves à l’arrêt dans les apprentissages à cause de contraintes et d’obstacles semés malheureusement par la providence. 

Voici une liste de quelques obstacles rencontrés et des actions que j’ai pu mettre en place comme réponses pédagogiques : si ça peut vous inspirer.

  • Fatigabilité : permettre aux élèves de se reposer sans qu’ils se sentent stigmatisés. On peut réduire l’intensité et le volume d’entraînement de la séance.
  • Douleurs : parfois l’élève peut vouloir cacher ou minimiser ses douleurs. Ne pas hésiter à développer une relation de confiance et d’utiliser une échelle de douleurs par exemple (savoir la quantifier sur une échelle de 1 à 10 ou à l’aide d’émoticônes).
  • Lenteur d’exécution : simplifier la tâche, la décomposer et accorder un temps significatif à l’élève.
  • Difficultés de concentration et de mémorisation : usage de chasubles et marquage au sol à l’aide de plots colorés. L’aménagement du matériel et des consignes très réduites sont des pistes.
  • Repli sur soi : lui permettre de s’associer avec les élèves de son choix ou alors se mettre avec lui dans la réalisation d’une tâche. Puis petit à petit, agrandir le cercle de confiance en rajoutant un ou deux élèves.
  • Passivité, refus : être très patient, « ne pas lui tomber dessus ». Mon projet de formation s’intitule à la « recherche de petites victoires » en favorisant le dialogue, la confiance et le plaisir de pratiquer.
  • Retour dans la classe après une longue période ou absences perlées : notamment pour les élèves hospitalisés ou en situation de décrochage : l’idée est ici de permettre à l’élève de prendre du plaisir durant la séance. C’est ma seule priorité. Un souvenir positif peut lui donner envie de revenir et/ou lui permettre d’échapper un moment à la maladie. Comme il est souvent difficile de s’accrocher à un projet de séquence bien entamé, ma priorité est donc de lui donner confiance.
  • Pour les situations où je me retrouve sans solutions immédiates : je n’hésite pas à associer l’élève à la réflexion. Le jeune montre souvent une grande maturité par rapport aux camarades de même âge. La connaissance de sa maladie, de son handicap ou de sa situation particulière en fait sûrement le premier expert à interroger pour adapter au mieux son enseignement.

 

Même si on ne sent pas totalement à l’aise au départ, je considère que ce temps d’inclusion est très formateur et interroge notre posture enseignante. Faire du sur-mesure devient rapidement un acte ordinaire. Cette prise en charge demande temps, formation, moyens, aides humaines… Un grand merci aux AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) et toutes les personnes investies dans la prise en charge des élèves à BEP. Le SNALC continue de demander des moyens suffisants et une revalorisation salariale notamment pour les AESH. Une inclusion bâclée, non réussie est préjudiciable pour l’élève, son entourage et le reste de la classe. L’inclusion ne se décrète pas mais se construit en partenariat avec tous les acteurs.

Et pour finir, parce qu’il y a toujours cette confusion, il est nécessaire de rappeler la différence entre intégration (c’est à l’élève de s’adapter à l’école) et inclusion (c’est bien à l’école de s’adapter aux besoins des élèves). N’hésitez pas à partager vos expériences dans ce domaine de l’école inclusive. L’échange de pratique est salutaire quand ça peut nous aider à faire sourire et réussir les élèves.

La journée nationale du sport scolaire a lieu tous les ans dans tous les établissements scolaires du 1er et second degré. On peut se féliciter de compter plus de 2 millions de licenciés dans les fédérations sportives scolaires : UNSS pour le second degré, USEP pour le 1er degré et UGSEL pour l’enseignement privé. La circulaire n° 2010-125 du 18.08.2010 relative au développement du sport scolaire a instauré cet événement pour « promouvoir et mieux faire connaître l’activité des associations … auprès de la communauté éducative et du milieu sportif local. Elle est notamment l’occasion d’organiser des manifestations sportives, à la fois ludiques, festives et ouvertes à tous ».

Cette circulaire précise bien que le sport scolaire s’adresse aux élèves volontaires.

La presse locale et les sites académiques relaient avec plaisir les actions des différents établissements. Il est recommandé d’anticiper la conception de ce type de manifestation bien en amont. Beaucoup de collègues se retrouvent souvent bousculés par son organisation aussi tôt dans l’année scolaire. Prenons un exemple : vous décider de filmer ou prendre des photos durant la journée pour alimenter le site web de l’établissement et/ou l’affichage mural du lycée. Il est impératif de demander l’autorisation aux parents à l’aide d’un document mentionnant le cadre d’exploitation de ces images (lieu, durée, modalité de diffusion, support).

Autre exemple : il n’est pas inintéressant d’offrir des récompenses à l’issue de la journée : trophées, médailles, lots… Il faut donc anticiper un budget. Vu les délais, on comprendra que ce n’est pas toujours facile d’avoir des récompenses le jour J.

Dernier exemple, la JNSS est aussi un temps pour faire l’apprentissage de la responsabilité : organisation, arbitrage…On doit pouvoir profiter de cette journée pour permettre aux élèves de vivre ce genre d’expérience de responsabilité. La formation de jeunes officiels doit donc être prise en compte.

On pourrait multiplier les exemples pour essayer de vous convaincre d’anticiper au maximum la préparation de cette journée festive.

Ouvrons ce post avec une expression : « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Mise en situation :

Il pleut, on avait prévu une belle séance, la piste est trempée. On souhaite aller au bout du programme sinon il sera compliqué de finir la séquence d’apprentissage. On se décide, le temps d’une accalmie, de faire courir les élèves. Manque de bol, un élève glisse et se fracture le bras. La plupart des collègues auraient annulé la séance. Mais parfois, une petite voix en nous peut suggérer de flirter avec les bordures. La volonté de bien faire peut conduire à des résultats catastrophiques.

Concernant la météo, quelques recommandations auxquelles on ne pense pas toujours : lorsqu’on se déplace en hiver avec les élèves, la neige et le verglas peuvent recouvrir les rues. Attention donc aux glissades. Lorsqu’il y a du vent, restez vigilant avec la chute d’objets ou de branches d’arbre. Ces petites attentions peuvent prêter à sourire, mais Newton est plutôt clair sur le sujet : tout objet est soumis à la gravité et est donc immanquablement attiré vers le sol.

Je vous recommande de consulter les sites académiques où on peut trouver les recommandations pour l’enseignement des activités de pleine nature. De même, il est toujours utile de relire les circulaires sur la sécurité :

  • Note de service n° 94-116 du 9 mars 1994 (Sécurité des élèves. Pratique des activités physiques scolaires)

 

  • Circulaire n°2004-138 du13 juillet 2004 (Risques particuliers à l’enseignement de l’EPS et au sport scolaire)

 

Il est de notre obligation d’être au clair avec tous ces textes. « Nemo censetur ignorare legem » (nul n’est censé ignorer la loi)

Refermons cet article avec une autre expression : « prudence est mère de sûreté ». “Savoir renoncer quand il faut” est un geste professionnel à assumer. Ainsi quand il pleut, sortez couverts. Dans une société où on peut avoir l’impression que tout le monde sort le parapluie en cas d’incidents ou de litiges, il peut être judicieux d’avoir toujours un k-way sur soi.

Un peu de physiologie : « C’est l’acide lactique qui est à l’origine des crampes, des courbatures et de la fatigue musculaire » C’EST FAUX ! Après une séance sportive, une majorité de sportifs continue de penser le concept de récupération active comme un moyen d’élimination de « l’acide lactique » qui se serait accumulé dans le sang. C’est une erreur de penser ainsi. Pour plusieurs raisons :

1. On ne produit pas d’acide lactique mais du lactate. Parler d’acide lactique est donc inexact.

2. Ce lactate produit par la glycolyse (destruction du glucose) est considéré à tort comme un « déchet » alors qu’il participe pleinement à la production d’énergie. L’oxydation de deux molécules de lactate produit autant d’énergie qu’une molécule de glucose ! C’est donc un sacré carburant (comme le glucose ou les lipides). Pour performer, il est donc judicieux d’être capable de produire plus de lactate.

Du coup, deux questions ?

  • D’où vient l’acidité ? C’est la production d’ions H+ qui résulte de l’hydrolyse de l’ATP nécessaire au travail musculaire qui acidifie le ph sanguin.

 

  • Qu’est ce qui explique la fatigue musculaire ? Comment interpréter la lourdeur et la sensation de brûlure après un effort dans les muscles ? Incriminer le lactate est à bannir. Un ensemble de mécanisme entre en compte. C’est à priori le cerveau qui est le principal responsable des limites du corps et de ses seuils de tolérance à la douleur. Les courbatures et les crampes sont le résultat de microdéchirures qui se produisent dans les muscles.

 

Une mise à jour des connaissances est donc nécessaire. Plus on fait appel à la science et plus on découvre de nouvelles réponses (et d’autres questions…).

« Ils sont là pour apprendre un métier. Ce n’est pas à nous de faire leur éducation. C’est aux parents de gérer ça » Propos déjà entendu, notamment parmi nos collègues de la filière professionnelle. Il semble régner une sorte de confusion entre les termes d’enseignement et d’éducation. Ce dernier renvoi aux valeurs alors que l’enseignement aux contenus et méthodes. Il nous semble hasardeux de penser un enseignement sans une base solide d’éducation. Ces deux termes sont intimement liés. En EPS, cette manière de concevoir le métier est ancrée dans nos pratiques : savoir, savoir-faire et savoir-être (attitude) sont indissociables pour désigner une compétence. Au-delà de la transmission de connaissances ou de techniques, ce sont des valeurs humaines qui sont également transmises (solidarité, goût de l’effort, dépassement de soi…)

Donc opposer les deux concepts n’a pas de sens, le métier est bien d’éduquer tout en enseignant.

Concrètement tout enseignant est forcément éducateur. Alors d’où vient le malaise dans la profession ? A-t-on l’impression que la mission éducative a pris le pas sur celle d’enseigner ? Cours d’empathie, d’éducation à, de citoyenneté… on demande en effet beaucoup à l’école.

A un point que les enseignants en viennent à s’interroger sur le temps qu’il leur reste réellement pour la transmission des connaissances et des apprentissages disciplinaires. Le métier glisse-t-il doucement vers celui d’éducateur ? (Certains penseront même que c’est déjà le cas)

Quand on pense innovation, le numérique s’invite rapidement dans le débat et dans les pratiques. L’usage de la technologie moderne comme outil d’enseignement est fortement recommandé par le législateur : “Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier” (BO n° 30 du 25 juillet 2023 : Référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation).

On a pu rencontrer des collègues avec des projets prometteurs. L’emploi de tablettes numériques en cours offre par exemple plusieurs avantages : on a pu voir des élèves se concentrer davantage sur la tâche à gérer, prendre du plaisir à regarder leurs prestations sur un écran. Les possibilités semblent infinies. L’engagement semble être là.

Certaines critiques se font malgré tout entendre : les enfants et les adolescents ont tendance à vite être magnétisés par les écrans. Est-ce que ces nouveaux usages ne sont-ils pas par moment sources de distraction ? Les élèves ne passent-ils déjà pas trop de temps avec les outils technologiques tels que smartphones, consoles de jeux, écrans… ?

Que pense la section EPS du SNALC sur la place du numérique en EPS ?

Il nous semble primordial que ces usages ne se fassent pas au détriment du temps moteur. Le temps de pratique effectif doit être le plus important possible.

Sur un autre registre, il n’est pas inintéressant de s’interroger sur le phénomène grandissant d’esport. Des e-athlètes s’affrontent autour de jeux vidéo. Fortnite, Call of duty ou encore l’EA Sport FC 24 (anciennement FIFA) font partis des jeux les plus populaires.

En 2014, l’Université Robert Morris, à Chicago, fut la première université en Amérique du Nord à reconnaître les esports comme une discipline sportive universitaire à part entière et depuis de nombreuses universités ont suivis la tendance.

Allons-nous dans un avenir proche découvrir l’esport dans nos programmes d’EPS ? Ne souriez pas. Loin d’être un simple jeu, ça devient très sérieux.

La dernière année de lycée est souvent source d’angoisse, de pression et de fébrilité. Plusieurs échéances pour les élèves : PFMP (période de formation en milieu professionnelle) pour la filière professionnelle, les conseils de classe avec le bilan trimestriel ou semestriel, les épreuves du baccalauréat et surtout PARCOURSUP pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études.

Les résultats du baccalauréat 2023 flirtent avec les 96% dans l’enseignement général alors que la poursuite d’étude dans une formation désirée n’atteint pas du tout ce chiffre généreux. Au-delà de la valeur symbolique du bac, les élèves devraient surtout considérer l’orientation comme leur graal et non le baccalauréat. Travailler pour son orientation, c’est aussi œuvrer pour son baccalauréat. Alors que celui qui investit toute son attention sur son Baccalauréat sans prendre en compte les règles du jeu de Parcoursup va au-devant d’amères déconvenues. Que fera-t-il avec son diplôme s’il ne peut pas poursuivre ses études ?  Donc, le nerf de la guerre est bel et bien Parcoursup. Ceci est notre analyse et on doit jouer notre rôle d’alerte pour les élèves et une part non négligeable de parents déstabilisés pas ce Parcoursup.

Même si on peut trouver par moment le temps long (notamment avec les trajets pour se rendre au lycée), les anciens élèves pourraient résumer ainsi cette année de terminale : « ça passe trop vite ». Il faut donc essayer d’anticiper le maximum d’éléments pour assumer l’année avec efficacité.

Intéressons-nous à Parcoursup. Les candidats peuvent formuler leurs vœux à partir du mercredi 17 janvier au jeudi 14 mars 2024 !

Pour chacun des vœux, l’élève devra rédiger une lettre de motivation (une page maximum) que l’administration nommait jusqu’en 2023 “projet de formation motivé.

Également, mais à ne faire qu’une seule fois peu importe le nombre de vœux émis : l’élève doit remplir la rubrique « activités et centre d’intérêt ». C’est une sorte de CV où on note tout ce qui concerne les 4 éléments suivants : expériences d’encadrement ou d’animation, engagement citoyen, éventuelles expériences professionnelles et ouverture au monde (pratiques sportives et culturelles, parcours spécifiques). Pour chacun de ces items, les élèves ont une page entière pour mettre en valeur leur profil. Les enseignants doivent donc aider les élèves à rédiger ce projet de formation motivé.

Deux autres onglets sont à remplir par l’élève :

  • « Éléments liés à ma scolarité » qui permet d’apporter des justifications à son parcours (les éventuels absences, notes qui baissent…).

 

  • « Ma préférence » qui sert à donner des éléments d’information permettant d’obtenir éventuellement une formation si l’élève n’a obtenu aucun vœu.

 

Un élément capital :

La fiche avenir qui est remplie par les enseignants et le chef d’établissement. Au mois de mars, chaque enseignant écrit son appréciation en tenant compte des résultats de l’élève dans sa discipline et de ses vœux. Puis, après concertation avec l’ensemble de l’équipe pédagogique, le professeur principal attribue une appréciation qui se base sur quatre éléments qui caractérisent l’élève dans sa scolarité : l’autonomie, la méthode de travail, l’esprit d’initiative ainsi que la capacité à s’investir dans le travail. Les professeurs d’EPS ont un regard très intéressant à apporter sur ces items. Il doit absolument être présent aux conseils de classe des terminales et ne pas hésiter à mentionner les éléments susceptibles de valoriser les élèves. Le conseil de classe émet ensuite son avis sur ses choix d’orientation, à savoir les vœux de poursuite d’études dans le supérieur et le projet professionnel. Enfin, le chef d’établissement émet l’avis final

L’ensemble de ces éléments sont étudiés par les responsables de formation

Pour nous aider, plusieurs ressources sont accessibles pour nous aider à accompagner au mieux les élèves. Deux sites internet parmi tant d’autres :

Tout comprendre de Parcoursup 2024 ! (version 2023, mais très intéressant pour découvrir les formations)

Plateforme Parcoursup® (version 2023, mais très riche de conseils précieux)

Conseiller orientation ONISEP : Un service gratuit d’aide personnalisée au 01 7777 12 25 (appel non surtaxé, les mardis, mercredis et jeudis, de 10h à 20h, les lundis et vendredis, de 10h à 18h) pour poser des questions formation et orientation. Leur site :

L’Onisep et ses conseillers répondent à vos questions sur l’orientation, les filières de formation et les métiers.

Numéro vert de PARCOURSUP : 0 800 400 070 ouvert toute l’année (lundi au vendredi de 10h à 16h)

Ne pas hésiter à appeler l’organisme de formation, aller aux portes ouvertes ou aller directement sur place

Article pour éviter la confusion :

Quels sont les différents établissements privés ?

  • École privée sous contrat avec l’État : On trouve les mêmes programmes et les enseignants ont la même formation que ceux du public (l’établissement choisis les professeurs). Les établissements privés sont libres de sélectionner les élèves et reçoivent une aide de l’Etat.

 

  • École privée hors contrat : Il n’y a pas d’aide de l’État et les écoles fonctionnent de manière autonome : elles décident du programme scolaire, des méthodes pédagogiques et du recrutement des enseignants. Les frais de scolarité sont souvent très élevés.

QUELQUES FAITS :

Prenons l’exemple du collège : en 2023, on compte 5303 établissements publics et 1985 privés (dont 326 hors contrat) donc plus d’un établissement sur trois relève du privé. En 2022, le taux de réussite au brevet des collèges pour la voie générale était de 96,8% dans le secteur privé, contre 86,9% dans le secteur public. Ces résultats s’expliquent sûrement par une sélection des élèves à l’entrée dans le privé. Le privé accueille ainsi 30% d’élèves issus de familles de cadres et professions intellectuelles contre 17% dans le secteur public. Le privé sous contrat accueille deux fois plus d’élèves socialement très favorisés que les établissements publics et deux fois moins d’élèves défavorisés.

L’école privée sous contrat est financée à 73% par l’argent public, donc par les impôts de l’ensemble des contribuables. La distinction public-privé est-elle donc réellement pertinente ? A souligner donc que cet argent permet de financer des écoles affiliées à une religion et qui programme des cours confessionnels.

L’enseignement privé sous contrat est très majoritairement catholique : Plus de 9000 établissements, soit 95% de l’ensemble des écoles privées.

Le reste concerne notamment 300 écoles juives. Plus minoritaires, on a aussi quelques écoles protestantes, musulmanes, laïques, des établissements d’enseignement des langues régionales et des instituts médicoéducatifs. Voici donc l’offre de formation dans le privé permettant à priori aux parents de pouvoir trouver pour leurs enfants une école adaptée à leurs sensibilités.

Pour situer l’investissement et l’efficacité au travail, on peut utiliser ce tableau à double entrée : on emprunte à la chimie ces quatre types de réaction chimique :

  • Zone de combustion : le collègue brûle beaucoup d’énergie et de temps, il fait beaucoup de choses mais la qualité n’est pas au rendez-vous. On pourrait l’appeler la “zone des agitations (ou des blablas”.
  • Zone de décomposition : sans une qualité et une quantité suffisante dans sa production professionnelle, les résultats ne sont pas du tout au rendez-vous. Il s’agit d’une “zone de trouble”. Manque d’envie, moyens insuffisants, conditions de travail difficiles, déceptions professionnelles… les raisons sont multiples.
  • Zone de synthèse : quantité + qualité = un rapport gagnant/gagnant ? L’action permet de produire un maximum de résultats positifs pour les élèves et l’administration grâce à un investissement souvent passionné et enthousiaste de l’enseignant. On voit d’ailleurs souvent ce type de profil les mois précédents un rendez-vous de carrière.
  • Zone de substitution : en chimie ça désigne une réaction au cours de laquelle un élément remplace un autre élément. Pour nous, il s’agit de résultats garantis par une qualité professionnelle au rendez-vous avec un investissement maitrisé et raisonné. Un idéal donc ?

On pourrait décrire davantage ces 4 zones, mais chacun pourra comprendre le sens et se fera sa propre auto-évaluation. Cet outil n’a aucune valeur scientifique mais permet une certaine compréhension de notre rendement professionnel au regard de notre investissement. Il serait intéressant de comprendre comment la rémunération récompense les collègues dans la colonne de droite. Est-ce réellement le cas d’ailleurs ?

Analyse de deux cas :

Séquence de handball avec des 4e. En plein match, un élève se met en colère et jette violemment la balle sur la tête de son camarade. Son geste est soudain et volontaire. Les parents veulent se retourner contrer le professeur. Qu’en pensez-vous ? Le professeur d’EPS n’a rien à se reprocher puisque le geste de l’élève est soudain et non prévisible. Mais si ce jet n’était pas la premier ou s’il y avait un passif entre ces deux élèves, l’interprétation juridique deviendrait plus complexe et pourrait porter préjudice à l’enseignant. On invite donc les collègues à toujours rester vigilant et à intervenir dès la première incartade.

8h05 devant le gymnase de la ville.

Le professeur d’EPS est en retard depuis 5 minutes. Une bagarre éclate entre deux élèves. Qu’en pensez-vous ? Le collègue n’était pas présent alors que le cours aurait déjà dû commencer. Sa responsabilité est engagée parce que c’est considéré comme un défaut de surveillance.

On peut multiplier les exemples afin de montrer à quel point la vie professionnelle peut vite basculer.

Un événement anodin peut se transformer en situation lourde de conséquence. En adhérant au SNALC, vous bénéficiez, sans supplément de cotisation, des services juridiques de la Garantie Mutuelle des Fonctionnaires (GMF) en cas de problème avec votre hiérarchie, vos élèves, les parents d’élèves, vos collègues…

Soyez prévoyant, ça n’arrive pas qu’aux autres.

Pour certains d’entre nous, la période universitaire est encore récente alors que pour d’autres, cela remonte à quelques décennies. Tirage au sort, tests physiques, analyse de dossiers… les modalités pour être acceptées en 1ère année de licence STAPS ont été nombreuses au fil des années.  Savez-vous comment les élèves sont aujourd’hui choisis ? Parcoursup est une réponse qui vient rapidement à l’esprit. Mais comme le nombre de places reste toujours plus faible que le nombre de candidats (c’était la deuxième licence la plus demandée sur Parcoursup 2022), comment se fait donc le “tri” ?

5 critères sont analysés par le personnel éducatif de l’université :

  • Les résultats scolaires des classes de 1ère et terminales (sciences, matières littéraires et EPS)
  • Méthode de travail (fiche avenir)
  • Savoir-être (capacité à s’investir et autonomie de la fiche avenir)
  • Motivation, connaissance de la formation, cohérence du projet (fiche avenir et lettre de motivation)
  • Engagements, activités et centres d’intérêt, réalisations péri ou extra-scolaires : le fait de posséder le BAFA, le PSC1, le BNSSA et d’avoir déjà une expérience dans le milieu de l’animation et de l’entrainement sont valorisés.

 

Ces critères ont le mérite de prendre en compte les différentes dimensions à priori nécessaires pour réussir sa première année de Licence. On devrait donc s’attendre à ce que le taux de réussite en 1ère année s’améliore ces prochaines années puisque ce n’est pas du tout satisfaisant dans la plupart des universités en termes de résultats. 

Prenons l’exemple de la faculté des sports de Strasbourg.  Une enquête menée par l’ORESIPE (Observatoire Régional de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle des Etudiants) sur le devenir des bacheliers 2020 inscrits en 1ère année de licence STAPS montre des chiffres plutôt décevants :

  • 38% des inscrits réussissent leur 1ère année et poursuivent en 2ème année de licence
  • 31% redoublent
  • 26% quittent le système universitaire

 

La plupart des universités connaissent les mêmes types de résultats.

Avec ce système de sélection (puisque c’est de cela qu’il s’agit) mis en place par Parcoursup, on s’attend donc logiquement à ce que le taux de réussite augmente et que ce chiffre horrible de 26% d’abandon diminue considérablement. Le cas échéant, il faudra alors oser se poser les bonnes questions pour expliquer les échecs. Tout rejeter sur le manque de préparation, de niveau, de motivation de la part des étudiants deviendraient trop hasardeux comme explication. On reviendra donc prochainement sur ce sujet.

Quelques recommandations à communiquer aux bacheliers :

  • Vu les critères retenus, ceux qui n’ont pas les moyens de passer le BNSSA, le BAFA et tous autres certifications valorisées par les commissions, il faut savoir faire preuve d’ingéniosité pour améliorer son dossier et compenser ces faiblesses en musclant les autres critères du dossier. Cette bonification peut paraître injuste, mais actuellement ce sont les règles du jeu.
  • Sortez votre plus belle plume pour rédiger votre projet de formation (lettre de motivation…).
  • On ne rentre plus en STAPS en se décidant à la dernière seconde. Il faut parfois anticiper sur plusieurs années pour monter un dossier cohérent et convainquant. Nos lycéens ne savent pas toujours ce qu’ils veulent faire après le Baccalauréat. C’est l’âge des hésitations, des doutes et parfois des certitudes. Ils doivent donc rapidement apprendre à se projeter…

 

Quelques recommandations aux enseignants :

  • Il est important de bien renseigner la fiche avenir et ne pas hésiter à valoriser le parcours de l’élève.
  • Une excellente note en EPS est loin d’être suffisant pour entrer en STAPS comme on a déjà pu l’entendre.

Vous avez des choses à exprimer, vous voulez venir échanger sur l’EPS, vous avez des besoins de formation, le SNALC organisera prochainement à partir de 2024 des tables rondes EPS.

Ces moments permettront de nourrir cette revue et on l’espère profitera à un maximum d’enseignants sur le terrain et donc in fine aux élèves. Soyez attentif, vous recevrez bientôt une invitation sur vos boîtes mails académiques.

D’ici là, on vous invite à prendre connaissance de l’excellent Guide EPS réalisé par Laurent Bonnin. Une centaine de pages en accès libre pour (presque) tout savoir de l’EPS :

L’arrêté du 8 juillet 2021 a créé l’unité professionnelle facultative « secteur sportif » UF2S pour certaines spécialités du baccalauréat professionnel :

  • Animation enfance et personnes âgées (AEPA)
  • Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités
  • Métiers de l’accueil
  • Métiers de la sécurité
  • Métiers du commerce et de la vente, option A animation et gestion de l’espace commercial et option B prospection clientèle et valorisation de l’offre commerciale.

 

Les élèves inscrits à l’UF2S peuvent valider certaines unités capitalisables du BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). Les bacheliers peuvent ainsi acquérir des compétences inhérentes au secteur sportif.

Les professeurs d’EPS ainsi que les collègues de l’enseignement professionnel portent le projet.  Ils devront organiser et constituer in fine, une commission d’évaluation composée du professeur d’EPS et d’un autre enseignant. Après avoir pris connaissance au préalable d’un dossier réalisé par les élèves, chaque candidat passera une épreuve orale de 20 minutes.

Les lauréats devant plus tard financer la suite de leur diplôme. Le projet est intéressant. Mais quels investissements cela implique-t-il ? Et quels sont les moyens alloués pour cette tâche supplémentaire aux enseignants ?  Aucun. Il s’agira de composer pour les professeurs d’EPS avec les moyens de l’UNSS. Est-ce que les collègues seront payés pour faire passer les élèves aux oraux ? Il n’y a aucune ligne sur ce sujet dans les différents guides consultés. Pour les collègues qui souhaitent malgré tout se lancer dans cette aventure, il faut avoir conscience de l’investissement. Les candidats vous solliciteront naturellement pour rédiger leur dossier, participer à l’organisation des compétitions et cela implique de trouver du temps pour les former même si la séance méridienne de l’UNSS passe très vite. Afin de faciliter l’organisation et le suivi, il est fortement conseillé que ce projet soit porté par toute l’équipe EPS.

Partage d’expérience :

En tant qu’enseignant du second degré, on voit évoluer les élèves de la 6è à la terminale. Soit durant la majeure partie du temps parfois trouble de l’adolescence. Une collègue m’a un jour fait une remarque plutôt drôle : « Quand les élèves entrent au collège, ils sont tout mignons. Mais arrivés en 4è-3è, on dirait des « monstres ». Qu’est-ce qu’il se passe pour qu’ils se transforment ainsi ? ».

Miser sur une éducation aux valeurs a pour ambition d’élever les élèves à un idéal d’homme et les aiderait du coup à enlever ce déguisement « de monstre ».

Je souhaite partager une démarche testée sur le terrain avec une classe de 6è SEGPA. On choisit avec les élèves 11 valeurs qu’on souhaite mettre en avant durant la scolarité (« Qu’est-ce qui compte pour vous et qui mérite d’être vécu ensemble ? »). J’ai utilisé un schéma tactique de football comme modèle parlant. On peut aussi utiliser d’autres supports sportifs : le basketball par exemple si on ne veut choisir que 5 valeurs.

Cette modélisation peut être déclinée à l’infini en fonction du public et des intentions pédagogiques. Il est très judicieux de rajouter un petit lexique. Les valeurs choisis seront traduites en courts slogans imagés pour faciliter la compréhension. Demander en effet à groupe de définir certains mots qui semblent aller de soi, on se rendra compte que les réponses sont parfois approximatives et multiples.

Ce document se concentre sur ce qui paraît important. Il est donc porteur de sens pour les jeunes. Ils partagent ainsi une sorte de boussole collective. Pour l’adulte, il faut savoir se montrer patient et indulgent puisque l’on ne peut pas tout régler du jour au lendemain. Il n’est pas question de se substituer à qui que ce soit, notamment aux rôles des parents (nos partenaires dans la co-éducation). Le rôle de tout adulte est d’accompagner chaque jeune dans son aventure scolaire, sportive et humaine en lui donnant des clés pour s’épanouir et réussir. Cette éducation aux valeurs va dans ce sens.

Et par un effet « systémique », l’ensemble des valeurs finissent par interagir les unes aux autres et on peut ainsi approcher in fine l’acquisition des valeurs républicaines (« liberté, égalité, fraternité »).

La personnalité de l’adulte compte énormément dans cette mission. Les adolescents sont très sensibles à l’humour et au sens de la répartie par exemple. La capacité à aller à l’essentiel (« faire mouche ») est un autre atout indéniable surtout si on veut éviter les très tentants discours moralisateurs (malheureusement souvent stériles aux oreilles des jeunes).

L’exemplarité reste primordiale : Faire vivre les valeurs à travers les pratiques pédagogiques n’est pas toujours suffisant. Quand on n’incarne pas les valeurs qu’on prétend transmettre, l’adolescent ne se privera pas de le faire remarquer. La confiance en l’adulte apparaît donc comme le premier ciment à toute construction de valeur

On a tous un avis à donner, mais comment réussir à se faire entendre ?

A l’heure des réseaux sociaux et de l’accès immédiat aux informations, tout le monde revendique son droit à donner son avis sur n’importe quel sujet. Demander par exemple à quelqu’un de nous parler de l’Ouzbékistan ou encore du Botswana, il est fort probable qu’après un ou deux clics sur le net, il aura le sentiment d’avoir tout compris et s’autorisera un avis tranché sur la question. Approximation, contre-vérité, polémique… il y a de quoi par exemple être déboussolé ou dépité quand le sujet concerne des thématiques liées à l’éducation. Journalisme d’information ou plutôt journalisme d’opinion : les frontières ne semblent plus aussi claires. Offre-t-on par exemple assez la parole aux scientifiques, universitaires et acteurs de terrain dans les médias ? Se faire entendre dans tout ce brouhaha est un enjeu crucial pour laisser l’expertise triompher.

Les professeurs d’EPS ont accès à plusieurs ressources extrêmement intéressantes qui méritent d’être connues et consultées régulièrement : Revue EPS (https://www.revue-eps.com), l’excellente revue électronique e-nov EPS (https://www.pedagogie.ac-nantes.fr/education-physique-etsportive/publications/e-noveps/), AEEPS (https://www.aeeps.org), l’institut français de l’éducation (https://ife.ens-lyon.fr/)…  L’offre est de grande qualité. Nous avons également la chance d’avoir une formation universitaire scientifique (STAPS) plutôt de haut-niveau.

Vu la qualité de nos formations et nos contributions pour le bien-être, le développement et la réussite de nos élèves, on n’a pas à rougir quand on s’exprime en tant que professeur d’EPS. 

Le syndicalisme porte une voix propre permettant aux membres et sympathisants qui lui font confiance de se faire entendre. C’est donc une ressource complémentaire et différente. N’hésitez pas à consulter le site EPS du SNALC. https://snalc.fr/enseignants-deps/ Les collègues qui souhaitent s’exprimer, donner un avis, échanger des pratiques afin de faire profiter les collègues, cette revue numérique est à votre service.

Vous avez quelque chose à dire ou une question ? N’hésitez pas à nous écrire : snalc-strasbourg@snalc.fr

Le Larousse définit le xyste comme une “piste d’entraînement droite et aplanie dans le gymnase grec”. Durant la Grèce antique, les athlètes s’y réfugiaient pour s’entraîner pendant l’hiver ou par temps de pluie. Cette entrée historique (qui vous permettra de gagner quelques points au Scrabble) nous sert de prétexte pour rappeler quelques règles à respecter quand on a cours dans un gymnase. Nous vous conseillons de rédiger en équipe un protocole de sécurité pour les cours d’EPS au gymnase. Voici quelques éléments qui peuvent vous inspirer :

AVANT LE COURS :

  • Aborder dès la rentrée scolaire avec les élèves les questions de sécurité et les règles qui s’imposeront à tous. Ne pas hésiter à les rappeler en début de chaque séquence afin de prendre en compte la spécificité des différentes APSA.
  • Si vous ne vous sentez pas à l’aise dans une activité, vous pouvez refuser de de l’enseigner. C’est à vous de de mesurer votre niveau de compétence dans une APSA (par exemple l’escalade).
  • Vérifier le bon état du matériel et des équipements utilisés. Toute défectuosité doit être signalée par une notification écrite au chef d’établissement
  • Avoir la possibilité de contacter directement par téléphone l’infirmerie (avoir son planning), la vie scolaire et le bureau du CPE
  • Mettre en œuvre les adaptations nécessaires pour les élèves disposant d’un PAI ou présentant une inaptitude partielle. Demander aux élèves utilisant une Ventoline de l’avoir sur eux.
  • Mettre en place une organisation matérielle efficace pour minimiser les dangers (tapis de réception, ateliers…)
  • Le règlement EPS doit être très clair concernant les vestiaires et l’accès aux toilettes pour éviter de se retrouver en difficulté.

PENDANT LE COURS :

  • Signaler rapidement les élèves absents.
  • Si installation du matériel par les élèves, veillez à ce qu’un protocole de mise en place et de rangement soit compris et respecté par les élèves.
  • Le déplacement des poteaux de volley, du matériel de musculation ou autres agrès nécessitent une grande vigilance : les élèves peuvent être maladroits ou négligents.
  • L’échauffement avant la pratique de toute activité est obligatoire. On pourra vous reprocher son absence si un élève se blesse.
  • Ne pas transiger sur le respect des règles de sécurité : ne pas hésiter à être directif en amont. Si vous sentez que vous ne gérez plus la classe, il faut cesser l’activité et retrouver des conditions d’enseignement plus sécuritaires.
  • Lorsqu’on confie une tâche particulière à un élève, telle que l’arbitrage, il faut veiller que celui-ci puisse maîtriser au minimum sa tâche.
  • Toujours conserver la maîtrise de l’atelier le plus dangereux lorsque les élèves fonctionnent en ateliers (en musculation par exemple).
  • Prendre en compte l’hétérogénéité (taille, poids, sexe, habileté motrice), tant au niveau de la conception de l’enseignement qu’à celui de sa mise en œuvre, s’avère nécessaire (travail en ateliers, appariement des élèves…).
  • Les élèves ne doivent pas quitter la salle (pour aller aux toilettes par exemple) sans l’accord préalable du professeur.
  • Lorsqu’un élève doit se rendre à la vie scolaire, il est obligatoirement accompagné par un autre élève (le délégué) avec le document de circulation administratif de l’établissement.
  • À tout moment, l’enseignant doit garder la maîtrise du déroulement du cours. L’enseignant doit être en mesure de repérer et de faire cesser tout comportement d’élèves pouvant devenir dangereux et qui ne présenterait pas un caractère de soudaineté et d’imprévisibilité.
  • Déterminer la conduite à tenir en cas d’incident (ex : foulure de cheville).
  • Insister sur l’éducation à l’environnement : ne pas jeter de déchets, les ramasser si besoin.

 

FIN DU COURS :

  • Compter les élèves et s’assurer qu’il n’ait pas d’élèves blessés.
  • Une déclaration d’accident sera établie si un élève se blesse pendant la séance. Tout accident déclaré après le cours, en dehors de la prise en charge de l’enseignant, n’est pas recevable à moins d’en apporter la preuve.
  • Ne pas hésiter à communiquer avec les parents si nécessaire. Par exemple, après une crise d’asthme en cours d’EPS, le collègue écrit un mot pour prévenir les parents ou mieux, peut appeler les parents pour prendre des nouvelles en fin d’après-midi. C’est généralement apprécié.
  • Avoir l’habitude de faire un bilan de séance à chaud, notamment pour relever les éléments qui vous ont dérangés et voir comment y remédier.
  • Avoir un rituel de fin de séance pour permettre aux élèves de se rendre dans le calme dans les vestiaires. Être attentif aux “bruits” : c’est le lieu où il se passe toujours des choses. Les vérifier après le cours (objets oubliés, éventuelles dégradations)
  • S’assurer que tous les élèves soient tous sortis du gymnase et soient bien tous rentrés dans l’enceinte de l’établissement.

L’enseignant d’EPS est constamment exposé au regard des autres et donc aux critiques. Contrairement à ses collègues à l’abris des regards derrière leur porte, notre métier nous fait se déplacer dans différents lieux. Ce que nous avons déjà pu rencontrer dans notre quotidien professionnel :

  • La grand-mère qui rouspète après nous parce que nos élèves font trop de bruit sur les trottoirs quand on la croise sur le trajet en allant au gymnase.
  • Le regard compatissant du nageur quand il voit le nombre d’élèves qu’on doit gérer sur une seule ligne d’eau en plein milieu du bassin partagé avec les autres usagers.
  • Le maître-nageur qui vient ouvertement critiquer la manière d’enseigner d’un autre collègue
  • Le collègue d’EPS qui se fait menacer par un usager dans une salle de musculation parce que les élèves “squattent” trop longtemps une machine
  • Le concierge du gymnase qui est convaincu de pouvoir faire mieux que nous
  • Les suggestions ou leçons pédagogiques du père de famille parce qu’il entraîne les jeunes dans le club de son fils.
  • Le collègue qui se fait critiquer parce qu’il est “trop” enrobé ou bien parce qu’il ne fait pas de sport avec ses élèves etc…

Chaque collègue doit avoir de nombreuses anecdotes à raconter et certaines méritent d’être partagées. Le constat est implacable. Beaucoup ont l’impression que monsieur ou madame tout le monde peut effectuer notre travail.

Le professeur d’EPS est en première ligne quand il s’agit d’inclusion d’élèves de dispositif UPE2A ou ULIS et il est le seul enseignant à pouvoir enseigner à la fois en SEGPA, lycée pro et collège. Notre polyvalence fait de nous des enseignants avec des compétences remarquables. Gérer le corps, les émotions et l’engagement sont des tâches loin d’être faciles à maîtriser au premier venu. Notre riche formation scientifique, notre capacité d’adaptation et notre sens de l’écoute sont des bagages dont il faut être fier. Pour ceux qui nous réduisent à notre tenue en jogging, on peut les inviter à méditer cette célèbre expression “l’habit ne fait pas…” je vous laisse finir les paroles. Le SNALC accorde une place légitime à l’EPS.

Le zancle est un joli poisson des mers chaudes vivant sur les fonds coralliens, joliment coloré, au corps latéralement plat, avec une nageoire dorsale longue et effilée en forme de faucille. On en trouve souvent dans les aquariums. Si vous voulez les voir, n’hésitez pas à vous rendre sur l’île de la Réunion ou encore à Mayotte… Quoique ce n’est peut-être pas la bonne période pour aller sur cette dernière île puisque la situation est très préoccupante depuis plusieurs mois. Ce département français de l’océan Indien compte officiellement près de 310 000 habitants (à titre de comparaison une ville comme Montpellier en compte environ 304 000). Chaque année, plusieurs jeunes professeurs d’EPS décident de muter là-bas pour, entre autres, éviter de se retrouver en région parisienne. Mayotte faisant partie des académies avec une barre d’entrée interacadémique basse.

Ce territoire connaît une actualité brûlante. Les habitants vivent au rythme de l’opération « Wuambushu » contre la délinquance, par le biais de la destruction des bidonvilles et l’expulsion des étrangers en situation irrégulière. Cet archipel subit aussi une terrible sécheresse : depuis le 4 septembre, la population mahoraise est privée d’eau deux jours sur trois !

Le SNALC a pris contact avec des collègues sur place pour sonder leur quotidien. Dans un collège du nord, classé REP avec plus de 1400 élèves, les professeurs d’EPS sont confrontés à des moments de violence et de caillassage. « Madame, je crois qu’il faut rentrer là… » est le genre de conseil reçu par une collègue par ses élèves quand une bande de jeunes s’introduit sur leurs très rares installations extérieures.

Il n’y a pas d’eau potable dans cet établissement (comme dans une grande partie de l’île) et les élèves sont sensés se débrouiller pour s’hydrater malgré le climat tropical chaud. Les collègues achètent leur propre pack d’eau à 7 euros ! Et les élèves se ruent dans les toilettes à cause des maux de ventre puisqu’ils continuent de boire cette eau non potable au robinet. Mayotte ne fait plus rêver. Plusieurs collègues se sentent abandonnés : « personne ne s’intéresse à nous ». Certains cherchent déjà à quitter cet archipel sans aller au bout des 5 années permettant pourtant de se voir attribuer 1000 points sur tous les vœux exprimés à partir du mouvement interacadémique 2024.

Le SNALC se demande si on accepterait ce genre de situation en métropole. Sûrement pas. Le SNALC manifeste son soutien aux collègues qui continuent de travailler avec courage sur place.

On est arrivé au terme de l’alphabet. Chaque lettre a servi de prétexte à nous intéresser à un sujet de préoccupation. Ce dossier vous a-t-il plu ou servi ? N’hésitez pas à le partager. Les collègues qui ont accepté gentiment de faire la relecture de ce document m’ont déjà demandé de rédiger des articles pédagogiques sur les thèmes suivants :

  • Ramadan : Beaucoup d’interrogations sur ce sujet.
  • Sorties scolaires : Que risque l’enseignant si durant une sortie avec nuitée, un élève est victime d’un accident durant le temps de sommeil par exemple ? Plusieurs conseils utiles à partager. On risque parfois, d’être refroidi à l’idée d’organiser une sortie pédagogique.
  • Insultes : Question qui m’a été posée : mes élèves de SEGPA n’arrêtent pas de s’insulter en cours. Pour eux, il s’agit simplement d’un « jeu », une manière de communiquer. J’ai essayé plusieurs méthodes pour faire cesser les insultes mais ça n’a pas fonctionné. Les sanctionner ? Mais il faudrait du coup tous les « punir » !
  • Conflit avec un élève : Y a-t-il un protocole d’action quand un collègue se fait agresser, malmener, injurier ou manquer de respect par un élève ? Comment peut-il reprendre le contrôle de sa classe après un évènement douloureux ?
  • Direction : Comment faire en sorte d’être mieux reconnu par notre direction ? « Ça ne se passe pas très bien avec notre chef d’établissement »
  • Epilepsie, crise d’asthme, entorse : Que faut-il faire pour gérer un malaise ou une blessure ? On a pu remarquer des disparités d’action de la part des collègues. Une harmonisation des pratiques est la bienvenue

 

Les préoccupations sont donc nombreuses. Rien n’est figé dans cette future liste alphabétique, n’hésitez pas à faire vos propositions ou alors, mieux, à proposer un article : snalc-strasbourg@snalc.fr. Merci pour votre bienveillance pour cette première édition.

En attendant le prochain numéro, je vous souhaite une excellente année 2024 !

« L’état d’esprit qui m’anime dans mon quotidien : pousser’ chaque personne à devenir la meilleure version d’elle-même. La formation, l’enseignement et l’innovation constituent les domaines que j’investis. Je prends énormément de plaisir à transmettre et je mesure l’importance de proposer un travail de qualité : ‘La meilleure graine de rose au monde, plantée dans un désert aride, ne poussera pas' »

Sportivement,

Adil BEN AISSA

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