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Le sens du service

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Jean-Louis avait tous ses trimestres, il allait enfin partir à la retraite, en décembre. Hurlements permanents, agressions, menaces, toutes ces années comme surveillant pénitentiaire l’avaient prématurément vieilli. Mais une chose le préoccupait : son remplaçant ne viendrait qu’au mois de mars. Pouvait-il vraiment laisser les détenus (qu’il appelait affectueusement ses « petits ») avec une équipe de surveillants en sous-effectif pendant trois mois ? Non, il demanderait à l’administration s’il ne pourrait pas faire la jonction.

En nage, Jean-Marc n’avait pu dormir de la nuit : non seulement la fièvre avait encore augmenté, mais son nez s’était mis à couler abondamment et sa toux était telle qu’il crachait un peu de sang. Visiblement, il serait difficile de passer la journée au centre des impôts à traiter les dossiers de déclarations de revenus. Pourtant, il culpabilisait. Il hésitait à laisser en souffrance les dossiers des contribuables (qu’il appelait affectueusement ses « petits »). Rassemblant son courage, il se leva pour s’habiller.

La grossesse commençait à peser lourdement sur les jambes de Marie-Cécile ; elle était de plus en plus sujette à des vertiges ; les nausées la surprenaient à présent à tout moment de la journée. Pour l’instant, elle refusait de céder aux adjurations de son médecin, qui voulait la placer en congé précoce. Devait-elle, pouvait-elle faire prendre le risque aux usagers de la ligne 27 (qu’elle appelait affectueusement ses « petits ») de ne pas avoir de chauffeur pendant trois semaines ? Non, ils avaient besoin d’elle.

Jean-Philippe se laissait de plus en plus souvent aller à des rêveries de démission. Après tout, avoir travaillé dans des étoilés de la Côte d’Azur, avoir étudié les secrets de la langoustine flambée et de la sauce mignonette, pour se retrouver à superviser la préparation de 250 repas dans ce restaurant d’entreprise, où on lui imposait de faire toujours plus avec moins de moyens humains et matériels et où il subissait de plus l’impatience, la grossièreté, voire l’agressivité de certains clients… Quand pour la troisième fois de l’année, on lui avait jeté de la purée dans les cheveux, il fut sur le point de rendre son tablier. Mais pouvait-il laisser les clients (qu’il appelait affectueusement ses « petits ») manger des surgelés ? Il décida de rester, pour eux.

Marie-Agnès, emmitouflée dans son manteau, une pancarte à la main, piétinait dans le froid depuis 7 heures 30, aux côtés de ses collègues et d’une poignée d’administrés (qu’elle appelait affectueusement ses « petits »). Un journaliste lui tendit son micro : « Non, je ne peux pas y croire ! Comment vont faire les gens ? Je ne peux pas cautionner cette diminution des horaires d’ouvertures des guichets de la mairie ! J’ai les larmes aux yeux quand je pense aux gens qui ne pourront plus faire de démarches le mardi matin et le jeudi après-midi ! – Un de vos collègues me parlait aussi d’un problème de salaire… – La question n’est pas là ! Vous savez, ce n’est pas pour moi que je suis là, c’est pour eux ! On est à leur service ! »

Prenez-en de la graine, Mesdames et Messieurs les professeurs !

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