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L’enseignant face à l’enfant-roi : pour une juste répartition des rôles

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© Freepik.com_rod_julian_3

L’enseignant est-il encore celui qui change la vie de ses élèves par son savoir, son aptitude à communiquer, mais aussi sa capacité à encourager les progrès et contribuer pas à pas à la maîtrise des connaissances ?

La société a changé, le visage de l’enseignement aussi ! Certains parents, peu disponibles en raison de leurs obligations professionnelles, compensent leur absence, en survalorisant le potentiel de leurs enfants. Cette surestimation de mauvais aloi conduit à un sentiment de toute puissance, engendrant la dynamique de l’enfant-roi. Les parents parfois dupes de leur progéniture, finissent par infantiliser les enseignants, dont le rôle et la mission sont réduits à peau de chagrin. Le professeur se retrouve ainsi dans la posture embarrassante de celui qui doit à la fois faire preuve d’autorité envers l’élève pour favoriser l’acquisition des connaissances, et de diplomatie pour ne pas heurter les parents. Idéalement, il faudrait repenser un cadre éducatif équilibré où parents et enseignants joueraient chacun leur rôle respectif au service du bien-être des enfants. Il ne s’agit pas de s’arroger des prérogatives ou des privilèges de caste, au détriment les uns et des autres, mais de travailler en bonne intelligence. Les parents désertant la cellule familiale n’offrent plus l’attention et l’affection nécessaires à l’équilibre de l’enfant, en posant des limites claires ; cette mission incombe désormais à l’enseignant dont la fermeté est mal tolérée dans une société globalement permissive remettant en cause le rôle du professeur comme figure d’autorité.

Bienveillance et exigence sont les maîtres mots de l’éducation.1 J’ajouterais sérénité pour l’équilibre psychologique de l’adolescent, sursollicité et diverti en permanence par les écrans, qui de fait ne reconnaît plus la valeur travail et la notion d’effort, face à la fluidité et au confort sans pareil offerts par la passivité, peu propice à développer l’esprit critique et à faire évoluer les mentalités.

Dans un contexte déstabilisant où plus personne ne trouve sa place, le SNALC réclame une juste reconnaissance du métier : cf.  « Le métier, il a changé » et « Moi, je suis professeur de réunions » dans le dossier du mois « Être professeur en 2024«  de la revue du SNALC, Quinzaine universitaire n°1493 du 4 octobre 2024.

Même si les outils numériques à disposition des enseignants ont révolutionné les pratiques pédagogiques et valorisé les contenus en les rendant plus attractifs, nous sommes face à des enfants consommateurs et non plus acteurs de leur parcours scolaire. Les influenceurs et leur impact réel sur les ados via Tik Tok ou Instagram remplaceront-ils les profs dans un avenir proche ?

Jusqu’à présent, le rôle d’éducateur revenait aux parents2 et la mission d’instruire était dévolue aux professeurs. Ces limites sont désormais floues et il faut jongler sans cesse sur les deux tableaux. Les sanctions même mineures sont sujettes à caution et continuellement remises en cause par les parents et le professeur décrédibilisé dans ses tentatives de restauration de l’autorité.3

Le SNALC dénonce ces pratiques, dont les exemples sont pléthore dans notre académie : à Strasbourg, des enseignants insultés et menacés par des parents qui n’hésitent pas à rédiger une pétition à l’encontre de l’intéressé, souvent peu soutenu par la hiérarchie, pour ne pas nuire à l’image de l’établissement. À Mulhouse, des demandes de rdv anticipés pour lever la sanction, avant même que celle-ci soit mise en ligne sur MBN. Dans le sud de l’Alsace, des parents qui s’arrogent le droit d’écrire directement au Principal, sans prendre la peine de mettre l’enseignant en copie, ni même de prendre rdv avec ce dernier, totalement pris au dépourvu. S’ensuit un parcours fondamentalement solitaire, jalonné d’obstacles que l’enseignant doit surmonter un à un pour s’imposer et prouver sa bonne foi, à toutes les étapes du processus de remise en cause. Pire encore, il est mal vu par ses pairs qui suivent le mouvement, sans faire de vagues…et le désignent comme bouc émissaire.

Rappelons que l’éducation relève de la sphère familiale et l’instruction de la sphère publique. Dans l’actuel mélange des genres, le professeur pour être en mesure de dispenser un enseignement de qualité doit pouvoir réprimander les élèves, dont le comportement déviant nuit au bon déroulement du cours, dans des classes en sureffectif !

Le SNALC prône le retour à la sérénité pour un enseignement de qualité, propice aux apprentissages, dispensé dans de bonnes conditions où chacun sait rester à la place qui lui revient de droit.

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