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Les Belles-lettres

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Tout en roulant à travers un paysage de prés et de bosquets, Jean-Baptiste savourait son bonheur. Il était professeur ! Contractuel, certes, mais il allait enfin pouvoir transmettre son amour des lettres. Il gara sa vieille ZX sur le parking du collège. Le tag « FCK SCHL » sur le mur d’enceinte semblait lui hurler qu’il n’était pas le bienvenu. Mais, c’était décidé, rien n’entamerait sa bonne humeur.

Il entra dans le hall que traversait d’un pas vif une femme portant un paquet de photocopies.

« Excusez-moi, le bureau de la principale, s’il vous plaît ?

– La CDE ? Elle est en B24 », dit-elle en désignant un couloir éclairé par des néons blafards.

Elle n’avait visiblement pas compris la question. Il décida néanmoins d’emprunter le couloir. Par chance, l’une des portes affichait : « Principale » ; il frappa. « Entrez ! », entendit-il. Il poussa la porte.

« Bonjour Madame, je suis le… ».

La principale le coupa, le regard irrité.

« Vous êtes le BMP ?

– Je…

– Alors allez voir le PA, là, je n’ai pas le temps. »

N’insistant pas, il referma la porte. Le bureau d’à côté était le secrétariat.

« Le PA, s’il vous plaît ? 

– Vous êtes le BMP ? Enfin ! Le TZR ne voulait pas venir parce qu’on était trop loin de son rade. » Jean-Baptiste s’étonna qu’on pût refuser un poste pour un motif aussi futile. « Le PA est juste en face », conclut la secrétaire.

Un homme à grosses lunettes, l’air affairé, semblait l’attendre. 

«  Ah, vous êtes le BMP !

– Non, je remplace le…

– Vous aurez les 6B, poursuivit l’homme aux lunettes, sans l’écouter. Vous verrez, ils sont bien. Bon, il y a pas mal de PPS, mais ils tous un AESH. Il est vrai que certains relèveraient de la SEGPA…, soupira-t-il comme pour lui-même. Voilà votre EDT, vous commencez en S1, en C127.

– Très bien, mais quand ?

– Je viens de vous le dire ! Bon, il faudra voir le RUPN pour votre accès MBN. Je vais vous présenter vos collègues. »

Dans le couloir, ils passèrent devant une pièce vitrée dans laquelle travaillait un groupe de jeunes gens, visiblement sous la direction d’une femme plus âgée. « La CPE et les AED », indiqua le PA comme s’il répondait à une question silencieuse de Jean-Baptiste.

« Voici la salle des profs !, s’exclama l’homme aux lunettes. N’hésitez pas à venir me voir si vous avez des questions. »

Des questions ? Il en avait beaucoup ! Et la rencontre en salle des professeurs ne lui permit pas de clarifier la situation, au contraire (il n’avait pas bien compris ces histoires de papes qu’il fallait remplir et qui semblaient tant irriter ses collègues – un professeur d’un certain âge avait même ajouté : « C’était plus simple quand il y avait des papis », mettant ainsi le comble à sa perplexité).

Il avait cependant fait la connaissance d’une autre contractuelle. « Je ne m’occupe que de l’EMC », avait-elle précisé d’un air modeste. Trop modeste, songea-il plus tard, en découvrant sur internet que l’étude de l’état modifié de conscience exigeait un très haut niveau en neurosciences. Bien sûr, il aurait voulu parler au professeur principal de sa classe, mais il avait néanmoins été bien renseigné par le professeur de SVT, dont la connaissance qu’il avait de chaque élève, teintée d’une tendresse presque paternelle, justifiait son surnom de « pépé des 6B ».

Plus tard

Malgré les moqueries et les protestations de certains élèves, (« Aaah, Monsieur, on n’écrit pas au feutre sur un TBI ! » ; « Mais nooonn, lui, son nom est sur MBN, mais il est en UPE2A ! » ; « Quoi ? Déjà un DM ? Mais demain on a AP !»), le cours s’était moins mal passé que Jean-Baptiste ne l’avait craint, mais c’est épuisé qu’il se dirigea vers la sortie.

Alors qu’il saluait le PA et la secrétaire, celle-ci lui dit : « N’oubliez pas de signer votre VS ! ». Le PA ajouta : « L’IPR m’a appelé au sujet de l’EAFC, il voudrait vous parler de votre paf, parce que… »

Il ne termina pas sa phrase. Devant ses yeux ébahis, Jean-Baptiste grimaça de douleur, chancela, avant de s’écrouler, inconscient.

Le lendemain

La tête de Jean-Baptiste lui faisait souffrir le martyr, mais il ouvrit progressivement les yeux.

« Où…où suis-je ?, balbutia-t-il

– Ne vous inquiétez pas, Monsieur, lui répondit un homme revêtu d’une blouse blanche. Vous êtes au NHC. Vous avez fait un AIT, mais on vous a fait une IRM et une ARM. Tout ira mieux, maintenant… »

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