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Les entraves à la liberté pédagogique

tzahiV
© tzahiV

L’hétérogénéité croissante des classes, en fonction de l’implantation géographique des établissements, le brassage ou la mixité sociale, l’inclusion, entraînent une remise en cause constante des pratiques pédagogiques des enseignants qui doivent composer avec un public hétéroclite aux niveaux et aux compétences disparates. Il s’agit à la fois de respecter les programmes en vigueur et de s’en écarter dans une certaine mesure pour proposer des méthodes d’apprentissage simplifiées conformes au profil des élèves, tout en prévoyant un suivi individualisé pour les élèves en grande difficulté. Ce qui implique non seulement la maîtrise des supports pédagogiques numériques , mais aussi la modulation et l’ajustement permanent du contenu des séquences d’apprentissage. Le SNALC a établi un corpus de propositions pour la rénovation du collège « Vers un collège modulaire ».

Le SNALC revendique la reconnaissance de la polyvalence des professeurs qui doivent faire preuve d’une souplesse inégalée et d’un travail supplémentaire important, non rémunéré, puisqu’il fait partie des obligations de service.

En effet, les marges de manœuvre de l’enseignant, quant au choix du contenu des enseignements et du public, sont en réalité très étroites. Il ne choisit ni ses classes, ni la composition de ces dernières. Tout au plus, peut-il émettre des vœux. Dans certains établissements, les professeurs principaux peuvent participer à l’élaboration des futures classes, pour un niveau donné. Le chef d’établissement reste souverain dans l’attribution de ces dernières aux collègues et tranche en dernier ressort, même si le conseil d’enseignement lui propose une répartition des services. Dans l’élaboration des emplois du temps, à qui profite le rythme ?

La méconnaissance du terrain, du profil particulier de chaque élève et par extension du groupe classe nuisent à la mise en œuvre d’une pédagogie efficiente, où chaque enseignant pourrait définir les modalités de mise en œuvre du programme, à condition de bien connaître ses élèves.

En lettres par exemple, il est possible de choisir les œuvres étudiées en fonction de la thématique imposée par les programmes, mais cette liberté pédagogique est souvent limitée, mise à mal et bridée par l’administration, elle-même influencée par les parents d’élèves qui n’hésitent pas à faire part de leur inventivité pédagogique, en vue de moduler le contenu des programmes et proposer leur manière de voir.

Ne peut-on pas faire confiance aux enseignants pour obtenir des apprentissages efficients ? Doivent-ils être supervisés, conseillés, accompagnés par les parents ? L’éducation nationale : un bien de consommation, des parents tout puissants ?

Le SNALC déplore que les choix du contenu des programmes soient opérés sans y associer les principaux intéressés.

Le SNALC revendique une liberté pédagogique assumée et maîtrisée, dans l’intérêt des élèves.

Le manque de méthodes, la maîtrise insuffisante de la lecture en 6ème et plus globalement du socle commun de connaissances, tant décriés par les professeurs, poursuivent les élèves dans leur cursus et s’avèrent symptomatiques d’un système malade de ses insuffisances, en termes de transmission des savoirs fondamentaux. Les cours de langue (entendez par là : grammaire) doivent être inclus dans une séquence d’apprentissage, sans faire l’objet d’une étude systématique, or, c’est en se confrontant à la difficulté que se fait l’acquisition des notions essentielles ; un « saupoudrage » superficiel et bâclé ne saurait constituer les fondements du savoir, à fortiori pour les élèves en difficulté. Nous sommes donc dans une impasse. Comment sortir de ce formatage imposé qui devient la norme, laissant tout le monde sur sa faim, tant les enseignants, que les élèves et les parents, attentifs à leur éducation, pour proposer des cours de bonne facture ? Que voulons-nous vraiment pour la société de demain ? Une éducation ou une rééducation ? Une fabrique à cancres ou des adultes responsables, sachant faire preuve de discernement ?  La démagogie à tout-va nous a entraînés, bien malgré nous, sur les chemins fallacieux d’un pédagogisme de mauvais aloi. L’annihilation de la pensée et de l’esprit critique ne constituent pas un prélude sensé à la transmission des connaissances et à la délivrance d’une instruction, digne de ce nom. La vraie question est comment envisageons-nous une liberté pédagogique revendiquée et assumée, au service de nos élèves ? Comment sortir des sentiers battus de la pensée unique pour proposer un enseignement de qualité, qui doit former des futurs citoyens, au sens noble du terme.

L’éducation est un long cheminement qui se fait de concert avec les parents, induisant des ajustements, des concessions ; mais exigeant aussi un encadrement de qualité, des notions incontournables à maîtriser et une remise à l’honneur de la notion de devoir.

Les emplois du temps souvent mal conçus ne permettent pas d’optimiser l’assimilation des connaissances. Les cours dans les matières fondamentales restent placés en fin de journée, à l’encontre du bon sens le plus élémentaire. Il existe une chrono nutrition, pourquoi n’y aurait-il pas un chrono enseignement, adapté aux besoins des enfants, tenant compte de leur horloge biologique ? L’organisation du temps d’enseignement reste le serpent de mer de l’Education nationale.

Autre constat : au sein des équipes éducatives, l’harmonisation des pratiques pédagogiques est insuffisante et très variable selon les établissements. Les avis divergent souvent sur le sujet, parmi les professeurs eux-mêmes ; ce qui pourrait garantir une stabilité, un cadre sécurisant pour les élèves, est en réalité difficile à mettre en pratique pour une même discipline et un même niveau, certains préférant travailler en solo. En l’absence de ligne de conduite commune, il est difficile par la suite de travailler en bonne intelligence et de faire front, face aux critiques ou aux remises en cause des programmes.

Abordons ensemble avec le SNALC le sujet tabou des tensions au sein des équipes pédagogiques : « Tension, Relation et Communication dans l’éducation nationale » 

Toutes ces variables d’ajustement facilitent ou au contraire compliquent la tâche de l’enseignant. Les conditions d’exercice sont donc très variables d’un établissement à l’autre, d’une zone géographique à une autre et d’un professeur à l’autre.

Souvent, ce dernier pare au plus urgent, définit des priorités en fonction du profil de ses élèves et est amené sans cesse à faire des compromis avec l’institution, les collègues, les parents d’élèves et le chef d’établissement, sans pouvoir donner libre cours à des pratiques pédagogiques éprouvées ou au contraire innovantes, bridé par le carcan de tous ces paramètres. Le turn-over des enseignants constitue également un frein à l’installation et à la pérennisation de pratiques pédagogiques efficaces, sur le long terme.

Dans ce contexte, comment casser les codes et réussir à motiver nos élèves ?

Le SNALC invite à une réflexion approfondie sur ce sujet et à une levée des contraintes excessives pesant sur les enseignants à qui l’on demande toujours plus, en multipliant les contraintes, sans reconnaissance ni contrepartie financière. Y a-t-il un prix à payer pour la liberté pédagogique ?

 

Si les collègues souhaitent nous faire part de leurs suggestions en rapport avec l’article, n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse suivante : snalc-strasbourg@snalc.fr

Enfin et pour votre information, le SNALC de Strasbourg organisera ultérieurement un congrès sur cette thématique «Entrave à la liberté pédagogique», qui se tiendra après le Congrès national du SNALC du 22 au 26 mai 2023 au Lycée Kléber de Strasbourg.

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