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Libérons la parole!

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Chers Collègues,

Il est temps de se voir et de parler. Libérer cette parole pour sauver une équipe qui est en train de se fracturer autour d’un projet. N’est-ce pas paradoxal ?

N’y a-t-il pas de meilleur projet que celui qui fédère ? La question est bien entendu rhétorique. Si un projet divise c’est que quelque chose ne va pas.

Or nous constatons tous, je crois, que personne n’est en soi hostile à un projet, à l’idée même de projet. Chacun souhaite en son for intérieur que quelque chose change dans notre lycée professionnel comme dans la manière dont on conçoit en général les lycées professionnels. Ces lieux où on empile les phobiques scolaires et les caractériels, les dyslexiques et les chahuteurs, les timides en manque de confiance, les MNA ne parlant pas français, les ingérables refusant toute autorité et les absentéistes… Cette liste n’est pas exhaustive. Il y a même des jeunes motivés, y compris dans la liste précitée, qui ont choisi une voie professionnelle qui les intéresse, les motive. Non l’idée d’un changement n’effraie personne car nombreux parmi nous sont ceux qui n’en peuvent plus, se disent épuisés, écœurés, pas entendus et méprisés, bref…au bord de la rupture et bien loin d’une illusoire zone de confort.

Nous sommes donc embarqués sur un bateau, pour filer la métaphore d’un collègue, à l’occasion d’un voyage bien singulier. Lorsqu’on nous a remis les billets en main, c’était en nous promettant que nous allions choisir, sinon la destination, du moins le style du séjour, les étapes et le rythme de croisière. Or de plus en plus il semble évident que l’itinéraire a été clairement défini, balisé et que c’est même à nous de construire le bateau.

Chers collègues, les non-dits sont en train de nous miner, les expressions de différences de points de vue sont devenues parfois, et cela me fend le cœur, de véritables altercations. Plusieurs en ont été témoins récemment. Un projet ne se construit ni avec des éclats de voix, ni des craintes, ni avec le sentiment pour les participants de se faire avoir. Que ce sentiment soit justifié ou non. Un projet ne se construit pas dans un entre-soi. Les gens qui se posent des questions sur ce projet ne sont pas des « détracteurs », des profs qui ne veulent pas bouger ou que sais-je encore…Non ce sont des professionnels responsables qui ont aussi conscience de la valeur des mots et des éléments de langage. Nous parlons quand même d’un projet qui met en avant « la mise à disposition de l’enseignant ». Cet élément de langage a été choisi, réfléchi. Il n’est pas vide de sens.

Enseignants du général comme du professionnel, que ce projet vous impacte peu ou prou, tout l’enjeu des semaines qui viennent va consister à faire se rencontrer, ou pas, la vision de l’enseignant que vous êtes et la volonté de nos autorités de tutelle, qui elle, est une volonté (aussi) politique. Car oui, il s’agit bien ici de politiques éducatives. Derrière une volonté réelle de mieux accompagner les jeunes, lisez aussi en filigrane « annualisation du temps de travail », « globalisation » et dans le texte « mise à disposition de l’enseignant ». Chacun peut y être favorable ou défavorable mais chacun doit en être conscient.

Rencontrons-nous pour évoquer les diverses questions que nous nous posons, les doutes que nous avons, ailleurs qu’entre deux portes. Il est évident qu’il est compliqué de libérer la parole en présence d’un corps d’inspection et d’un ou d’une Proviseur(e) nonobstant l’estime ou l’amitié que l’un peut avoir pour l’autre. Les questions sont nombreuses et concernent la répartition des temps de travail, l’existence préservée ou non d’un groupe classe, l’empilement des outils de suivi, des réunions et avant tout, la mise en œuvre de ce projet, mise en œuvre que personne ne semble pouvoir ou vouloir nous présenter concrètement. Or, « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » disait Boileau.

Il y a un lien qui unit les membres d’une équipe pédagogique. C’est d’ailleurs souvent tout ce qui nous fait encore tenir debout et venir au lycée. Préservons-le et parlons-nous.

David Weber, professeur et référent SNALC
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