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Système éducatif

Santé scolaire: le ministère Diaforus veut-il achever le malade?

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Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés, dit l’adage populaire. En l’occurrence, les personnels de santé, psychologues et assistants sociaux ne sont pas les moins concernés par la souffrance au travail au sein de l’Education nationale.

Preuve en est : ces métiers peinent à recruter. La situation est alarmante concernant les médecins scolaires. Ainsi près de la moitié d’entre eux ont plus de 60 ans et les trois quarts plus de 50 ans. Déjà dramatique, la pénurie – la moyenne nationale compte 12 800 élèves par médecin –va mécaniquement s’aggraver avec leurs départs à la retraite. La tendance est la même chez les PSY-EN et, si elle est moins nette pour les personnels infirmiers et assistants sociaux, on relève là aussi un vrai tassement du recrutement.

Cela même alors que la santé psychique des élèves se dégrade, que le nombre de ceux « à besoins éducatifs particuliers » est en augmentation, et que, pour certaines familles, seule la médecine scolaire permet de détecter les problèmes de santé de leurs enfants.

Les causes de la dégradation des conditions de travail des personnels de santé sont multiples : mauvais état des locaux, matériel manquant ou défaillant, application informatique chronophage et inadaptée, injonctions non-priorisées de la hiérarchie avec multiplication des tâches administratives, formation continue inexistante ; tout cela pour un salaire insuffisant. Le SNALC ne manque pas d’alerter le ministère mais également le rectorat de Strasbourg sur cette situation inquiétante, et notamment lors du dernier CSA . 

Dans notre académie, les personnels infirmiers souffrent d’un manque de moyens criant. Plusieurs collègues du Haut-Rhin font par exemple état d’un manque d’audiomètres, indispensable pour le dépistage des problèmes auditifs des élèves. Ils doivent composer avec du matériel obsolète et défaillant. Il est en de même pour les toises, balances, tests de vue. Est-ce normal que les élèves du premier degré soient mesurés avec des mètres de couturière ou de chez IKEA, faute de matériel médical adéquat ?

Malgré la prise de conscience de la situation, qui a donné lieu à plusieurs rapports depuis 2023, les mesures envisagées par le gouvernement n’augurent rien de bon pour l’avenir de ces professions. Transférer aux départements la compétence de la médecine scolaire, demander aux infirmiers d’assurer les missions des médecins scolaires, regrouper les quatre corps(infirmier, médecin, assistant et psychologue) en un seul service placé sous l’autorité du DASEN pour « favoriser le travail d’équipe », semblent n’avoir pour but que la réduction des coûts dans un contexte de pénurie. Les Assises de la santé scolaire, initialement prévues en octobre 2024 et reportées sine die, apporteront-elles des réponses à la hauteur des enjeux ? Ou doit-on craindre que, comme chez Molière, le ministère imagine, tel Diaforus, des remèdes pires que le mal qui finiraient par achever le malade ?

Pour sa part, face à l’urgence, le SNALC de Strasbourg réclame non seulement un plan de revalorisation salariale et de création de postes, mais un vraie reconnexion du ministère avec la réalité de ces métiers essentiels.

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