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« PPM »

iStock – PIRANKA
© iStock – PIRANKA

PPM. Parcours Personnalisé  par Modules ? Poste à Profil au Mouvement ?

Non. PPM n’est pas un nouveau sigle inventé par le Ministère. Cependant, il aurait besoin d’être connu des collègues, car la Particule Par Millions est l’unité qui mesure le taux de CO2…et renseigne donc sur le degré de concentration du coronavirus dans un espace clos. Le Ministère, lui, connaît la PPM, puisque une fiche annexée au Cadre sanitaire pour le fonctionnement des écoles et établissements scolaires[1] indique qu’« en intérieur, idéalement, il faudrait éviter de dépasser une concentration de 600 ppm » et qu’ « une concentration supérieure à 800 ppm est le signe d’une aération insuffisante dans un contexte COVID-19 »[2]. Et la fiche de renvoyer, pour les plus curieux, à l’avis du 28 avril 2021 du Haut Conseil de la Santé Publique, qui précise qu’ « une concentration en CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm doit conduire dans tous les cas à ne pas occuper la salle »[3].

Au fait, comment mesure-t-on ces PPM ? Par des capteurs de CO2, dont sont équipées les salles de classe du Royaume-Uni[4], d’Irlande[5], du Québec[6], du Luxembourg[7] et d’autres pays encore, parfois depuis octobre…2020[8].

Le 21 août 2021, à la question du JDD de rendre obligatoire l’installation de capteurs de CO2, Jean-Michel Blanquer répond vouloir les « généraliser », mais plutôt que de les rendre obligatoires comme dans d’autres pays, il préfère « le faire en partenariat avec les collectivités locales, dont c’est la compétence, plutôt que par la contrainte ». PPM (Petit Précis de Manipulation) : confronté à sa propre incurie, reporter la responsabilité sur autrui, tout en feignant de se sentir concerné. Et qui ne saluerait pas un ministre qui agit « en partenariat plutôt que par la contrainte » ?

Ce « partenariat » tardant à porter ses fruits, de nombreux collègues en sont venus à acheter leur propre capteur de CO2 et à faire leurs mesures.

Ainsi, un adhérent du SNALC de l’académie de Strasbourg nous informe qu’il a relevé des taux dépassant les 1800 ppm en entrant dans les salles de son établissement. Certes, on est plus de deux fois au-dessus du seuil recommandé par le HCSP, mais peut-il vraiment se plaindre, alors que certains collègues publient sur les réseaux sociaux des relevés indiquant des taux de 2300, 2700, voire 3000 ppm ? Mais on connaît ces ingrats d’enseignants qui n’hésitent pas à « poignarder dans le dos » leur ministre[9] : ils seraient bien capables de trafiquer leurs capteurs pour faire les intéressants !

Consultons plutôt, à nouveau, l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique, auquel se réfère le Ministère, et qui reprend les résultats d’études menées dans le cadre scolaire. L’une d’elles révèle que, dans une salle de 25 élèves, et alors que la fenêtre a été ouverte à l’interclasse, le taux de CO2 s’élève à 2000 ppm au bout d’une demi-heure, et à 2800 ppm au bout de moins d’une heure. On pourrait aussi citer l’étude du collectif Du Côté de la Science[10] : au début d’un cours en présence de 25 élèves, on relève 552 ppm ; au bout de 8 minutes, le taux s’élève à 834 ppm ; au bout d’une heure et demie, à près de 3000 ppm. Mais aérez, que diable ! Précisément, selon la même étude, la seule manière de maintenir le taux de CO2 autour du seuil limite de 800 ppm est de laisser ouvertes deux fenêtres en grand et en continu« Cependant, précise le collectif, en période hivernale, ce protocole efficace risque d’être inconfortable thermiquement ». Les enseignants s’en étaient rendus compte…

Heureusement, ce risque d’inconfort technique est limité dans nos établissements puisque, généralement, les fenêtres s’ouvrent en oscillo-battant. Or, comme l’ont montré des mesures publiées par une chercheuse de l’Université de Louvain, même en laissant une fenêtre ouverte en oscillo-battant en continu entre 9 heures et 16 heures 30 dans une salle de classe, l’aération ne suffit pas : en quelques dizaines de minutes, le taux atteindra 1500 ppm et dépassera les 4000 ppm en fin de journée[11].

Voilà, en quelques clics, des données qui montrent que la recommandation du Cadre sanitaire d’aérer au moins 5 minutes toutes les heures  est largement insuffisante. Le SNALC estime qu’il y a donc urgence à doter les salles de classe de capteurs de CO2, à débloquer les fenêtres, voire à équiper les classes de purificateurs d’air.

Des purificateurs d’air ? Le ministre a déjà répondu sur ce sujet : « S’agissant des purificateurs d’air, les autorités sanitaires nous ont toujours demandé de faire preuve de discernement. Rien ne remplace le fait d’ouvrir les fenêtres. Ces purificateurs d’air peuvent être utiles surtout pour certaines salles impossibles à aérer suffisamment par les fenêtres »[12].

Nous avons au moins la satisfaction d’avoir un gouvernement qui fait preuve de discernement, contrairement à ces pays peu avisés – tels que les États-Unis, l’Allemagne le Canada, l’Autriche, le Royaume-Uni… – qui ont pris des mesures pour l’achat de purificateurs d’air dans les écoles.

Bien sûr, capteurs de CO2 ou purificateurs, cela coûte de l’argent. Heureusement, le 7 décembre, le Ministre annonce une enveloppe de 20 millions d’euros pour aider les collectivités locales à se fournir en capteur de CO2. « Peux Pas Mieux », semble dire J.-M. Blanquer. Il est vrai que le Ministère a rendu 212 501 312,60 € à Bercy en janvier[13]… À titre de comparaison, l’état régional (Land) du Bade-Wurtemberg a annoncé en août un budget de 70 millions pour les purificateurs d’air et les capteurs de CO2[14].

Mais en France, si on n’a pas d’argent, on a du bon sens, car pour le Ministre, « le capteur c’est un thermomètre, donc rien ne remplace d’aller ouvrir la fenêtre (…) 5 à 10 minutes par heure, et même plus si on peut. (…). Ouvrir la fenêtre, c’est remplacé par rien du tout »[15]. Si on doutait encore de la volonté du Ministre d’équiper les classes de capteurs, nous voilà prévenus…

Dans la même interview, à la question du journaliste qui lui demandait si le ministère fournissait des masques chirurgicaux, J.-M. Blanquer a non seulement acquiescé, mais a aussi affirmé qu’ « on livrait des dizaines de milliers de masques par jour ». Des masques chirurgicaux gratuits pour les professeurs, vraiment ? Il a même assuré que si le port des FFP2 était une recommandation, « on en livrerait ». On est comme saisi d’un doute… Là encore, ça sera sans doute PPM : Paye tes Propres Masques[16].

[1] https://www.education.gouv.fr/media/91517/download
[2] https://www.education.gouv.fr/media/91520/download
[3] https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20210428_covaravenetmesducodanleserp.pdf
[4] https://schoolsweek.co.uk/all-state-schools-to-receive-carbon-dioxide-monitors-to-help-ventilation/
[5] https://www.rte.ie/news/2021/0528/1224520-carbon-dioxide-monitors-schools/
[6] https://www.tvanouvelles.ca/2021/05/27/quebec-aura-a-lil-la-qualite-de-lair-dans-toutes-les-classes-1
[7] https://www.wort.lu/fr/luxembourg/les-detecteurs-de-co2-font-aussi-leur-rentree-5ffb5ae4de135b92367b32cd
[8] https://www.saarbruecker-zeitung.de/saarland/saarbruecken/saarbruecken/saarlands-innenminister-will-co2-messgeraete-fuer-schulen_aid-53956555
[9] J.-M. Blanquer, RTL, 01/04/2021
[10] https://www.ducotedelascience.org/wp-content/uploads/2020/12/guide-co2-v0312-v.pdf
[11] https://environnement.brussels/sites/default/files/pres-171212-polu-2-3-vter-fr.pdf
[12] JDD, 21/08/21
[13] Le Journal officiel du 24/01/21 porte annulation de 212 501 312,60€
[14] https://www.baden-wuerttemberg.de/de/service/presse/pressemitteilung/pid/land-foerdert-luftfilter-und-co2-sensoren-in-schulen-und-kitas/
[15] LCI, 22/12/21
[16] Le gouvernement italien, lui, prévoit la fourniture de masques de type FFP2 ou FFP3 aux établissements d’enseignement (Gazzetta Ufficiale della Repubblica Italiana, 24/12/2021)

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