Le rectorat de Strasbourg a franchi une ligne rouge, tout comme la DSDEN 67. Depuis plusieurs mois, des collègues sont convoqués pour des motifs flous, tels que la fameuse « situation professionnelle », avant de se voir notifier des sanctions disciplinaires… sans avoir eu la moindre possibilité de se défendre.
Pire encore : les décisions, souvent signées par la « Secrétaire Générale » – dont le SNALC a déjà contesté la légitimité lors du CSA-A du 27 janvier 2025 quant à la transparence et à l’équité dans la gestion des personnels –, leur sont remises comme de simples documents administratifs, sans même qu’un entretien n’ait été proposé.
À cela s’ajoute une pratique tout aussi choquante : des pièces sont ajoutées au dossier administratif des agents sans qu’ils en soient prévenus. Ce n’est qu’au moment de la consultation de leur dossier qu’ils découvrent ces éléments à charge, sans que jamais ils n’aient eu la possibilité d’apporter la moindre contradictoire ou explication, tandis que les décisions, prises unilatéralement par l’institution, tombent comme un couperet. Or, le respect du contradictoire est un principe fondamental du droit administratif, et la transparence aurait dû imposer que l’agent soit informé de toute pièce ajoutée à son dossier et en mesure de présenter sa défense.
Une fois la sanction notifiée, les services de la DPE (ou DRH) viennent ensuite proposer des « solutions amiables », comme si une violence administrative pouvait se compenser par quelques mots apaisants. Cette stratégie, à la fois cynique et hypocrite, est le symptôme d’un mépris profond pour les personnels et d’une institution dont la gestion des ressources humaines est gravement défaillante.
Le rectorat de Strasbourg semble oublier que les agents publics bénéficient de droits, et que l’absence de dialogue, la non-motivation des sanctions et l’ajout non contradictoire de pièces dans leur dossier peuvent être contestés devant le tribunal administratif.
L’intervention post-sanction de la DPE, se drapant dans la bonne volonté après avoir servi l’injustice, est une reconnaissance implicite des dysfonctionnements internes. Une institution qui sanctionne sans preuves tangibles, sans dialoguer, sans humanité, et sans respect du contradictoire, se discrédite totalement et viole les principes élémentaires de la fonction publique.
Comment une institution chargée d’éduquer la jeunesse peut-elle, au quotidien, méconnaître à ce point les règles du respect, de l’équité et du contradictoire ? Le rectorat de Strasbourg doit revenir à une gestion transparente et fondée sur des preuves, respecter le droit à la défense et la motivation des décisions. Faute de quoi, il court le risque de détruire la confiance des personnels et, in fine, la qualité même du service public d’éducation.
La ligne rouge a été franchie depuis longtemps en Alsace. Le SNALC poursuivra son engagement afin de dénoncer et condamner ces méthodes injustes, qui ne sont que le reflet d’un pilotage défaillant et temporaire, mais dont les conséquences risquent d’être irréparables pour l’académie.



