Si le gouvernement et l’armée des élus macronistes répètent à l’envie depuis le 10 janvier dernier – jour de la présentation de la réforme des retraites – que celle-ci est une réforme de « justice », le SNALC n’est pas dupe. En particulier chez les enseignants.
Le SNALC estime que ce report de l’âge légal à 64 ans constitue un recul social considérable. Mais celui-ci n’est rien si l’on songe au second volet de la réforme : l’allongement de la durée de cotisation portée à 172 trimestres (ce que les spécialistes qualifient d’ « accélération de la loi Touraine ») pour espérer toucher d’une retraite à taux plein. Le gouvernement a fait ainsi le choix de la double peine pour les salariés en jouant sur les deux paramètres, alors même que les entreprises du CAC 40, qui ont fait en 2022 des profits record (172 milliards d’euros contre 128 milliards en 2021), ne sont pas mises à contribution. Est-ce juste ?
L’un des arguments du gouvernement est d’insister sur la prise en compte des « carrières longues ». Mais quid des « études longues » ? Sur ce sujet, pas un mot. Que dire en effet à un enseignant qui a commencé à exercer à 24 ans, sinon qu’il devra travailler jusqu’à… 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein ? Le SNALC dénonce cette injustice.
Le SNALC n’est pas crédule : certes, chacun a la possibilité de racheter ses années d’études supérieures (pour un maximum de 12 trimestres) afin qu’elles entrent dans le décompte de ses années de cotisation, mais encore faut-il pouvoir le faire financièrement. Car le montant de ce rachat – lié à son ancienneté et à son indice – est particulièrement élevé en fin de carrière (plusieurs dizaines de milliers d’euros) et, au contraire, impossible en début de carrière – là où il serait le plus pertinent – du fait, justement, de revenus trop faibles.
De quoi, sans doute, inciter les nouvelles générations à s’engager dans l’enseignement. Comme si, dans le marasme actuel du recrutement, notre système éducatif avait besoin de cela.
Le SNALC a ainsi déposé un préavis de grève jusqu’à la fin de l’année scolaire et participera activement aux mobilisations interprofessionnelles pour le retrait de cette réforme.