Académie de Strasbourg
Search
Filtres génériques
Correspondance exacte uniquement
Rechercher dans le titre
Rechercher dans le contenu
Filtrer par Catégories
Sélectionner tout
Affichage, tracts, militantisme
Billets d’humour, billets d’humeur
Carrière, mutations, grades…
Circulaires
Congrès, colloques du SNALC
CSA, CAPA, audiences
LaĂ¯citĂ©
Les Actualités
Les éditos du président
Les Incontournables
Nos partenaires, nos soutiens
Qui sommes-nous ?
Système éducatif

RĂªver

anyaberkut
© anyaberkut
L’atelier d’Ă©criture crĂ©ative animĂ© par ValĂ©rie Blondel lors de son passage Ă  Mulhouse m’a inspirĂ©. 
Je me suis mis dans la peau d’une femme et voilĂ  le rĂ©sultat :

 

RĂªver

AllongĂ©e sur la plage, je peux sentir l’odeur du sable chaud sur la peau. Que c’est agrĂ©able de me retrouver près de la mer avec ce gĂ©nĂ©reux soleil. Le bruit des vagues dans les oreilles me berce et m’aide vraiment Ă  me relaxer… Quand soudain, un son plus strident s’invite dans ce dĂ©cor… c’est mon alarme qui vient me rappeler la triste rĂ©alité : ce n’était malheureusement qu’un rĂªve. L’ouverture des rideaux et des stores viennent achever dĂ©finitivement les derniers doutes : la pluie et la fraĂ®cheur Ă  l’extĂ©rieur semblent sâ€™Ăªtre alliĂ©es pour rendre mon trajet dĂ©testable jusqu’à mon Ă©tablissement. J’allume la radio pour m’accompagner sur le chemin. Mauvaise idĂ©e. J’en suis venu Ă  dĂ©tester Ă©couter les informations. Il ne semble pas se passer un jour sans qu’on nous inonde de dĂ©claration sur l’éducation. Des mesures par-ci, des prises de positions par-là… ça a fini par me lasser. Je ne suis pas d’humeur Ă  supporter tous ces bruits dès le matin.

J’arrive enfin. Je vois Ă  l’entrĂ©e du bĂ¢timent le visage fatiguĂ© des Ă©lèves qui, pour certains, ont dĂ©jĂ  dĂ» passer l’épreuve dĂ©sagrĂ©able des transports en commun bondĂ©s. Dans la salle des professeurs, ça discute et on m’interpelle pour avoir mon avis sur les dernières annonces faites la veille. Aie ! Encore du bruit. Et d’ailleurs, de quelle annonce me parle-t-on ? Il y en a tellement ces derniers temps ! Je laisse mes collègues dans leur rĂ©flexion et je me dirige vers ma salle. La sonnerie retentit fortement et les Ă©lèves se ruent dans les salles.

Je suis content. Les cours se sont bien passĂ©s. Comme d’habitude. Une Ă©nième sonnerie, toujours aussi forte, me libère. Il est temps de rentrer. Un mauvais rĂ©flexe me fait Ă  nouveau allumer la radio… Oh, surprise ! Encore une annonce ! Cette fois-ci « pour » le pouvoir d’achat des enseignants. « Mais quelle blague ? ». Je sens la colère monter en moi et prendre le dessus… « Mais laissez-moi tranquille ! Laissez-moi travailler en paix ! Mon salaire n’a pas changĂ© ! C’est bien gentil de penser aux nouveaux entrants, mais quand on a offert autant d’annĂ©es de loyautĂ© et de sueurs, oĂ¹ sont la revalorisation et la reconnaissance ? » Bon, je crois qu’il est vraiment temps d’éteindre pour un long moment cette radio. Ce n’est de toute façon pas bon pour ma tension. J’éteins la tĂ©lĂ©vision. Je ferme les journaux. Enfin la paix.  Il est bientĂ´t l’heure d’aller se coucher et je me surprends Ă  espĂ©rer retrouver dans mon sommeil Ă  nouveau un bord de mer. Oh, pas nĂ©cessairement très loin… Je ne suis pas exigeante. Juste un peu de soleil et le son des petites vagues qui s’écrasent sur la plage. J’adore dĂ©finitivement ce bruit-lĂ .  

Je sais, ce que vous allez penser : ce n’est pas bon de fuir ainsi la rĂ©alitĂ©. Mais que voulez-vous ? Le mĂ©tier d’enseignant ne me fait plus rĂªver du tout. Et je ne suis pas la seule malheureusement Ă  Ăªtre dans ce cas-lĂ . Et ce n’est pas ce dĂ©ferlement de bruits et d’annonces qui va me faire croire en une belle histoire.  Allez, je m’endors. J’arrive d’ailleurs dĂ©jĂ  Ă  sentir l’agrĂ©able parfum de l’air marin… Bonne nuit Ă  tous !

Lire aussi