Syndicat national des lycées, collèges,
écoles et du supérieur

Search
Filtres génériques
Correspondance exacte uniquement
Rechercher dans le titre
Rechercher dans le contenu
Filtrer par Catégories
Sélectionner tout
Affichage, tracts, militantisme
Billets d’humour, billets d’humeur
Carrière, mutations, grades…
Congrès, colloques du SNALC
CSA, CAPA, audiences
Laïcité
Les Actualités
Les éditos du président
Les Incontournables
Nos partenaires, nos soutiens
Qui sommes-nous ?
Système éducatif

Amère démission d’une triste Education nationale

Richard Villalonundefined undefined
© Richard Villalonundefined undefined

Objet : démission en courrier recommandé avec AR

Monsieur l’IA-DASEN,

Je ne débuterai pas cette lettre en « sollicitant de votre bienveillance » comme il est pompeusement d’usage de le faire dans l’éducation nationale puisque de « bienveillance » dans vos services il n’y en a pas. Nous, enseignants, nous devons d’être bienveillants avec nos élèves, à l’écoute, tout en nous remettant en question, en faisant évoluer nos pratiques. Mais vous, hiérarchie inaccessible et hautaine, ne vous embarrassez pas de ces préoccupations. Après tout vous avez tous les pouvoirs et les obligations sont unilatérales alors pourquoi changer les choses.

Pensez-vous qu’un courrier laconique de refus d’une rupture conventionnelle, de deux lignes, sans justification, soit un signe de respect de vos personnels ? Quand on sait que pour faire aboutir une telle demande il faut investir du temps, il faut fournir un dossier conséquent et surtout il faut avoir préparé en amont une reconversion construite et viable, motiver les raisons d’un tel refus serait le minimum. Mais j’oubliais…seuls les enseignants doivent expliciter et motiver les remarques qu’ils font dans un bulletin. Vous ne jouez pas dans la même catégorie.

Je tente donc de vous donner quelques raisons valables de fonctionner autrement.

L’exemplarité, l’humanisme et l’humilité sont trois atouts indispensables aux bons dirigeants. C’est à ce prix qu’ils gagnent le respect de leurs équipes et leurs salariés. Certes l’exemplarité est peut-être en voie d’acquisition mais à voir le temps et l’intérêt que vous consacrez aux demandes de vos personnels l’humanisme n’est apparemment même pas au programme. Quant à l’humilité le non-acquis s’impose : il n’y a qu’à se rendre dans vos services ou vous contacter par téléphone ou par mail pour s’en rendre compte. Il serait bon que l’éducation nationale et, à votre niveau, les inspections départementales, comprennent qu’il y a beaucoup à faire.

En tant qu’employeur public vous devez montrer l’exemple alors pourquoi vous permettez-vous de respecter si peu les acquis des salariés ? Dans l’éducation nationale il est impossible d’utiliser son compte professionnel de formation, le temps partiel sur demande n’est pas accordé, les ruptures conventionnelles sont déboutées, si l’on crée une entreprise on ne peut bénéficier de la démission/reconversion proposée par Pole Emploi, à l’inverse des autres salariés en France.

De nos jours la reconversion est la norme. Il est rare que l’on débute sa vie professionnelle comme on entrerait dans les ordres en souhaitant y rester à vie et en se donnant corps et âme. Pourquoi l’éducation nationale ne comprend-elle pas qu’elle a tout intérêt à favoriser ce libre arbitre, ces départs et également ces reconversions de salariés du privé souhaitant s’essayer à l’enseignement pendant un temps ? Aucune hiérarchie ne peut asservir ses salariés pour les empêcher de partir. Et en retenant ainsi des enseignants car ils ne peuvent prétendre au chômage et aux formations vous dépréciez la valeur de l’institution et son attractivité. La preuve en est la pénurie grandissante de professeurs.

Ma démarche de reconversion se prépare depuis presque trois ans maintenant. Vous m’avez d’ailleurs octroyé le droit d’utiliser mon compte professionnel de formation à hauteur de 1500€. Or cette autorisation n’est possible, dans l’éducation nationale, que si elle est dans un but de reconversion. Pourquoi donc après m’avoir autorisé à me former ne pas m’accorder le droit de me réorienter professionnellement, cette reconversion étant notifiée depuis deux ans sur tous mes courriers ? Refuser cette rupture conventionnelle m’oblige à créer mon entreprise sans réduction de charges, sans les aides proposées à tout citoyen autoentrepreneur.

J’espère que ces quelques lignes auront mis en lumière les manquements et les dysfonctionnements de vos services et feront naître une envie de changements bénéfiques. Les enseignants sont la base de l’éducation des français en devenir : qui peut encore croire que la grandeur peut s’atteindre en dénigrant cette base ?

Actuellement en poste à l’école élémentaire ………………………………., je vous informe que je démissionne de ma fonction de professeur des écoles que j’occupe à l’éducation nationale en tant que titulaire depuis le 01/09/1999.

Ma démission sera effective à compter du 31 août 2022, merci donc de procéder à cette date à ma radiation des cadres de la fonction publique. Veuillez prendre note que je ne ferai pas la rentrée de septembre 2022.

Je vous prie de bien vouloir établir l’état de mes services.

Je vous prie d’agréer, Monsieur l’IA-DASEN, l’assurance de mes salutations distinguées.

Lire aussi