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Le SNALC Alsace a des doutes

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Edito du SNALCTUALITES du 29 janvier 2024

 Par Jean-Pierre GAVRILOVIĆ
Président du SNALC de l’académie de Strasbourg

Nous venons de passer la période des fêtes de fin d’année qui, traditionnellement, dit-on, célèbrent la lumière et chassent les ombres. Mais toutes ces bougies, chandelles et guirlandes réunies ne pourraient dissiper les ombres des doutes que le SNALC a sur le pilotage du rectorat de Strasbourg et des services déconcentrés. De nombreux doutes.

Le SNALC a des doutes sur l’attribution de certaines promotions qui ne semblent pas récompenser un mérite particulier, sinon celui d’avoir des liens familiers avec la direction des ressources humaines. Ou, a contrario, d’avoir intenté tant de recours au T.A. contre cette administration, qu’elle finit par « évacuer » le problème par le haut : un avancement de grade fera sans doute taire le multi-récalcitrant avant son départ en retraite ? Fait du prince ou droit de grâce, ces pratiques sont inadmissibles pour le SNALC : ces promotions indûment accordées sont prises sur le contingent de celles et ceux qui les méritaient par leur parcours et leur travail.

Le SNALC a des doutes sur les méthodes d’un directeur de service qui hurle à la face d’un médecin scolaire, qui plus est pour lui contester des missions pourtant ordonnées par le recteur lui-même ! Pour les personnels de santé et les infirmières en particulier, le rectorat est cependant la plupart du temps aux abonnés absents, et les demandes les plus élémentaires peuvent rester de longs mois sans réponse. Entre le silence et les hurlements, n’est-il pas possible de trouver une juste mesure, qui permettrait d’instaurer un dialogue raisonnable et de bien meilleures conditions de travail ?

Le SNALC a des doutes sur la légitimité de plusieurs directeurs ou chefs en titre, dont l’autorité s’érige sur un socle très instable de lacunes ou d’incompréhension du cadre légal et règlementaire. Tutorés par l’orgueil plus que par la science ou la compétence, ces responsables prennent leurs décisions au doigt mouillé, selon le vent qui souffle par un bord ou l’autre et dont l’haleine n’est jamais vraiment saine. Fort de l’expérience de ses élus et de l’expertise de ses juristes, textes en main, le SNALC ne tolèrera aucune entrave à son exercice ni aux droits de ceux qu’il représente. 

Le SNALC a des doutes sur les stratégies qui consistent à instrumentaliser des personnels d’encadrement comme des boules sur un tapis de billard : là encore, d’un grossier coup de queue, on envoie l’une caramboler l’autre dans le simple but de dégager l’indésirable – pourtant irréprochable mais visiblement trop indépendante d’esprit – en la précipitant dans le trou le plus éloigné, où l’on espère ne plus l’entendre à défaut de la faire disparaître. Et peu importe que le coup déchire le tapis – dégradation pourtant prévisible avec cette redistribution en dépit des inaptitudes, rapidement avérées. Malgré les dommages provoqués, la bille de choc s’enorgueillit de son nouveau statut : celui d’avoir été touchée, sinon par la grâce, du moins par le bout de la queue du maître de jeu. Celui-ci se félicite, il est satisfait de son coup ; car là où le billardiste pointe, les boules doivent rouler. 

Le SNALC a des doutes sur l’indépendance de certaines organisations syndicales qui n’ont pas hésité à soutenir ce coup fumeux : par représailles ? Ou contre la promesse d’une vague reconnaissance ? Quel drôle de jeu que celui où se flattent et se mesurent les égos de ces joueurs à la petite semaine ! Ce serait comique si les conséquences n’étaient pas si néfastes pour les élèves et les personnels. Voici que l’incurie d’un chef, devenue notoire par la récurrence de ses échecs dans ses affectations successives, est défendue par la chorale des Béni-oui-oui reprenant la Voix de son maître. Soyons rassurés cependant : s’ils font des dégâts considérables, ces fantoches sont assez rares. La plupart des Perdir sont lucides et méfiants à l’égard des ficelles avec lesquelles on prétend les lier ; leur loyauté, c’est d’abord à l’École qu’ils la destinent, sans se laisser instrumentaliser ; ils font le choix d’un pilotage guidé par l’humain, le bon sens et le professionnalisme. Le SNALC les compte d’ailleurs de plus en plus nombreux dans ses rangs. Les problèmes auxquels sont confrontés les « Perdir » [1] sont autrement plus graves et urgents que ces basses manœuvres servant des intérêts personnels avant ceux des personnels et des élèves.

Le SNALC a des doutes sur le respect de la laïcité. En la matière, il y a de quoi être vigilant. Seul syndicat représentant alors les enseignants de l’Éducation nationale à avoir soutenu dès 2004 la loi sur les signes religieux, le SNALC a maintes fois – en 20 ans – dénoncé les petits arrangements et compromissions, qui n’étaient autres que des infractions à la loi, organisées parfois avec la complaisance des plus hautes instances de notre rectorat [2]. Bien avant les morts de Samuel Paty et Dominique Bernard, son intransigeance pour le respect des principes de la République a valu au SNALC de tristes accusations [3] de la part de ceux qui prônaient en chœur les bienfaits d’une tolérance complaisante. La situation n’a cessé d’empirer et les atteintes se sont multipliées : pendant que les uns donnaient la leçon sur une laïcité « ouverte », d’autres y ont vu une brèche pour enfoncer les valeurs de la République. Aujourd’hui, le SNALC attend davantage du recteur que ses déclarations lénifiantes sur l’abaya. Il lui revient de prendre ses responsabilités au lieu de reléguer le problème à l’échelon local et sur les épaules des chefs d’établissement : car, contrairement à ses déclarations [4], l’heure n’est plus au « dialogue » qui laisse entendre une possible négociation, et donc une porte ouverte aux atteintes et aux dérives. Pour échanger sur ces questions, le SNALC vous invite à son congrès sur la laïcité le 11 avril 2024 [5], où interviendra Henri Pena-Ruiz, écrivain, philosophe et lauréat du prix national de la laïcité.

Le SNALC a des doutes sur la future réforme des lycées professionnels dans notre académie, qui se met en place dans la plus totale opacité : comment peut-on réformer la terminale professionnelle dès septembre 2024, alors que les enseignants sont déjà engagés avec leurs élèves de 1re ? Les élèves qui continueront leur stage, au prix de la perte de 170 h de cours, percevront-ils une gratification ? Malgré la présence de ses conseillers, le recteur n’a pas pu répondre aux questions que lui a posées le SNALC. Quant aux collègues directement concernés par la fermeture de certaines sections, le rectorat n’a même pas même daigné les informer de leur sort. En revanche, le SNALC n’a pas de doute sur la pugnacité de ses adhérents de lycées professionnels, qui n’auront de cesse d’exiger des réponses claires du rectorat, notamment lors de la journée d’action du 20 février prochain. Nous reviendrons précisément sur cette réforme inacceptable lors du congrès [6] que le SNALC organise sur la voie professionnelle. Réservez d’ores et déjà votre place en vous inscrivant en ligne sur notre site.

Le SNALC a des doutes sur la sincérité de la communication du recteur, notamment lors de ses dernières déclarations sur BFM Alsace [7]. Face à la situation catastrophique du collège Kléber, qui ne comptait qu’un seul AED en fonction au moment où les violences ont éclaté, le « concréto-concret » annoncé par le recteur se traduit par la création d’un poste de CPE à temps complet (enfin !) mais sans AED supplémentaires. Pourtant, selon lui, le budget EN a « beaucoup augmenté ». « La réponse sera très rapide » assure-t-il, avant d’ajouter toutefois que « ce n’est pas utile de travailler dans l’urgence, il faut travailler dans la profondeur », alors que « le collège traverse une crise grave avec des menaces de mort ». Revenant sur l’autorité des enseignants, il déclare que ceux-ci ne doivent pas « laisser passer la moindre incivilité », qu’on a « laissé passer trop de choses ». Peut-être faudra-t-il rappeler à M. le recteur en quoi consiste le #pasdevague auquel sont encore confrontés beaucoup d’enseignants quand ils tentent d’exercer et de faire respecter leur autorité ? Dans le même entretien, alors que le journaliste établissait un possible lien entre le respect de la fonction de l’enseignant et la faiblesse de son salaire, nos collègues professeurs seront ravis d’apprendre de M. le recteur, qu’ « en l’espace de quelques années, les enseignants ont été augmentés de 20 % » et que « cette augmentation sensible et réelle […] se lit dans les bulletins de salaire […] à la fin du mois ». Comme l’indiquait le journaliste en préambule de son émission : « tout va très bien Madame la marquise […] Quand on entend le recteur de l’académie de Strasbourg, on pourrait avoir l’impression qu’en fait, ça va. » Tout est dit.

C’est parce qu’il nourrit tous ces doutes qu’en 2024, le SNALC continuera à s’exprimer sans langue de bois, à lutter pour la défense des personnels malmenés souvent pour des raisons obscures, à exiger des réponses claires sur les problèmes qu’il dénonce, à braquer la lumière sur les injustices et dysfonctionnements, à soulever ou les coins de nappe [8] et les tapis sous lesquels on cache de plus en plus de poussière.

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