Le 14 octobre dernier, à l’issue du rassemblement devant le rectorat, l’intersyndicale a été reçue en audience par le Recteur et son cabinet.
Lors de celle-ci, le Recteur a introduit l’échange en revenant sur les différentes réformes mises en oeuvre depuis quelques années et a précisé qu’en la matière il n’était pas décisionnaire. Il a ensuite écouté les positions et revendications des différentes organisations.
Le SNALC Alsace, représenté par M. Budimir Stankovic, coordonnateur académique PLP, a rappelé que la réforme qui a supprimé le BEP a eu un résultat désastreux, car en réduisant le parcours de formation d’une année sans diminuer les contenus, elle a fragilisé le niveau global. Cela d’autant plus que l’année de seconde Bac pro permet aux élèves de changer d’orientation et qu’en terminale le nouveau parcours différencié réduit encore les semaines de formation. En somme, les quatre années d’avant (BEP et Bac pro) se réduisent en fait aujourd’hui à deux années et demi.
Cette baisse du temps de formation se traduit clairement par un affaiblissement de celle-ci et rend inemployables un certain nombre d’élèves qui veulent entrer sur le marché du travail, et incapables de poursuivre avec succès leurs études ceux qui souhaitent le faire, car « la marche » est trop haute vers le post-Bac. Le SNALC Alsace s’est interrogé sur le caractère néfaste de ces réformes qui semblent n’avoir pour seule fin que de pointer du doigt l’incapacité du système scolaire initial à former des jeunes, au contraire de l’apprentissage qui affiche des taux d’embauches excellents. Le SNALC Alsace a souligné que la comparaison des deux systèmes n’avait pas de sens, d’autant que les enseignants en initial sont recrutés sur concours, tandis que ceux des CFA le sont sur simple CV, de quoi relativiser parfois la bonne mise en oeuvre des CCF (contrôles en cours de formation) et la réussite affichée des apprentis.
Concernant le parcours différencié de Terminale, dit « parcours en Y », le SNALC Alsace a reconnu que l’idée pouvait être intéressante en théorie, mais que l’absence de moyens pour sa bonne mise en œuvre aboutissait à un échec complet, qui se traduisait dans la réalité par une explosion de l’absentéisme des élèves à partir de la mi-mai. Préparer les élèves au post-Bac nécessite des moyens en heures de soutien et d’enseignement qui ne sont pas au rendez-vous. Et ce n’est pas la réduction de six à quatre semaines de ce parcours en Y – aveu indirect de l’échec du dispositif par l’institution – qui va corriger cette réalité.
Enfin, le SNALC Alsace a rappelé que les CAP constituaient un vivier pour le recrutement en Bac pro. Si ces élèves, issus parfois de Segpa, d’Ulis, d’Erea, rencontrent des difficultés, le SNALC Alsace estime que le renforcement de l’encadrement en AESH est un véritable nécessité afin d’aider les enseignants dans leur mission. Or, là aussi, les moyens manquent cruellement. Depuis cette rentrée, de nombreux établissements de l’académie nous signalent des besoins non-satisfaits en AESH, et la mise en œuvre des PAS en lieu et place des PIAL n’a rien arrangé, au contraire.
Budimir Stankovic a conclu en évoquant le cas des élèves allophones contraints de changer de filière de formation du fait de leur non-maîtrise de la langue française et de l’absence de prise en charge de cette difficulté par l’institution. Lui-même a dû accueillir de ce fait dans ses cours un élève russophone. Là encore, de véritables moyens doivent être débloqués en faveur de la formation de ces élèves.
Le SNALC Alsace continuera à se mobiliser pour que les élèves et les personnels de l’enseignement professionnel ne soient pas, réforme après réforme, les éternels sacrifiés du système éducatif français.