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Edito du SNALCTUALITES du 29 septembre 2020

 Par Jean-Pierre GAVRILOVIĆ
Président du SNALC de l’académie de Strasbourg

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« Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? »

« Jusqu’à quand abuseras-tu, Catilina, de notre patience ? »

(Cicéron, Ier siècle avant JC)
 
 
 
 
Ceux qui connaissent mon franc-parler savent que je ne suis pas coutumier des expressions latines. Pour être honnête, mon passé de gamin autodidacte éduqué par le cœur plutôt qu’avec l’esprit me dicte une méfiance naturelle à l’égard des péroreurs qui tartinent leurs discours de citations extraites de tous pots.

 

Mais celle-ci, je l’ai retenue. Parce que malgré son grand âge, je l’ai trouvée très actuelle. Ce que dénonçait Cicéron à propos de Catilina il y a plus de 2000 ans, nous pourrions le déclamer dans les mêmes termes aujourd’hui à ceux à qui l’on a confié les Ressources humaines dans l’Éducation nationale, et en particulier dans notre académie alsacienne.

Que les choses soient claires.

Je veux exclure d’emblée de mon réquisitoire Madame la rectrice, Elisabeth Laporte, dont le SNALC a déjà reconnu une gestion efficace et humaine de la crise dans une académie très touchée, où elle venait à peine d’arriver. La tâche n’était pourtant pas facile : il y avait de quoi se prendre les pieds dans un tapis qui cachait mal l’épaisseur des dossiers fumeux et parfois poussiéreux d’affaires ainsi classées par l’équipe de Madame Béjean, avant que cette dernière ne prenne la porte – au sens figuré seulement, hélas pas en exemple…

Au cours des derniers mois, le SNALC a déjà alerté les services RH sur de nombreuses incohérences et iniquités de traitement. Nous avons dénoncé des délais de réponse excessifs, voire l’absence de réponse. Nous avons relayé l’incompréhension et même la colère des personnels dont les appréciations semblaient déconnectées du déroulement de carrière… Les requêtes sont restées la plupart du temps lettres mortes. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, même quand s’exprime une voix représentative du dialogue social.

Compte tenu de la technicité des questions posées, le SNALC de Strasbourg a alors sollicité Maître Stéphane Colmant, avocat spécialisé en droit public, qui accompagne notre syndicat et ses adhérents depuis une dizaine d’années. Nous verrons ainsi plus clairement ce qui pose actuellement un problème de transparence dans la gestion des ressources humaines de l’académie, dans le traitement des dossiers d’avancement par exemple mais pas seulement. Et nous ne lâcherons rien tant que la lumière ne sera pas faite sur la gestion des RH de l’académie. Car comment peut-on prétendre gouverner un système tout entier quand on peine déjà sur la gestion simple et humaine des individus ?

Quasiment tous les personnels, et en particulier ceux de notre académie, n’ont pas démérité : ni pendant la crise, ni déjà bien avant. Et nous savons que malgré les coups et les difficultés, la conscience professionnelle l’emportera toujours et ils feront de leur mieux pour servir l’Éducation nationale dans laquelle ils se sont engagés. Ils méritent tous de recevoir au minimum un examen attentif de leur situation, ils méritent de recevoir une vraie reconnaissance des efforts accomplis depuis des années malgré des conditions trop souvent dégradées. L’état de droit ne doit pas céder devant l’état d’urgence sanitaire.

Pour tous les agents, enseignants ou non, 2021 marquera la reprise de l’agenda social qui avait été interrompu l’an dernier, et le lancement de nouveaux chantiers. Sous la pression des revendications et des combats incessants de ces derniers mois, notre ministère a programmé des groupes de travail sur la revalorisation, l’équipement informatique, la direction d’école. Il sera aussi question des relations entre parents et professeurs, d’égalité professionnelle femme/homme, de bien-être au travail. Il est aussi prévu de travailler sur la revalorisation des filières administratives et de santé et l’amélioration des conditions d’emploi des AESH. Parallèlement à ces questions, un « séminaire de l’encadrement » est programmé autour des questions de gouvernance et de pratiques managériales. Sur toutes ces questions, les personnels ont des attentes légitimes, pour certaines urgentes.

Ces chantiers sont parfois porteurs de promesses s’il l’on arrive à y croire encore – car beaucoup sont désabusés, se sentent trahis ou méprisés souvent à juste titre. Ils sont aussi porteurs de dérives pernicieuses et de fausses bonnes idées, de nature à dégrader davantage une situation qu’ils prétendaient améliorer. Que nous réserve ainsi le fameux « métier de professeur du XXIe siècle » qui prétend accompagner la revalorisation ?…

À l’ouverture de cette boîte de Pandore, le SNALC sera présent, en tant que syndicat représentatif, tant à l’échelon national que dans sa déclinaison académique. Nous y représenterons d’abord l’humain, avec détermination. Nous y défendrons exclusivement vos intérêts : vos conditions de travail et votre rémunération avant tout, pour une vraie revalorisation, sans contrepartie. Et nous le ferons avec toute la liberté de ton et de parole que nous confère notre totale indépendance. C’est ainsi que notre voix fera entendre la vôtre.

 

Edito du SNALCTUALITES n°19 – septembre 2020

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