Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur

Search
Filtres génériques
Correspondance exacte uniquement
Rechercher dans le titre
Rechercher dans le contenu
Filtrer par Catégories
Sélectionner tout
Affichage, tracts, militantisme
Billets d’humour, billets d’humeur
Carrière, mutations, échelons, grades…
Circulaires du rectorat, CAPA, audiences
Conditions de travail
Congrès, colloques du SNALC
Laïcité
Les Actualités
Les éditos du Snalctualités
Les Incontournables
Nos partenaires / Nos soutiens
Qui sommes-nous ?
Système éducatif, réformes, programmes

Le fabuleux destin de Plume à l’EN

snalc
© snalc

C’est l’histoire de Plume … 33 ans, professeure de lettres dans un collège de centre-ville sans histoire. C’est l’histoire d’un beau projet ambitieux, celui de l’égalité sociale : prendre à ceux qui ont plus pour donner à ceux qui ont moins ! Ce projet, c’est celui de la mixité sociale … qui consiste à ouvrir un établissement à des jeunes issus de quartiers QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville). L’idée est simple, elle consiste à changer la carte scolaire d’un établissement pour permettre à des enfants de ces quartiers, écoliers de REP, d’accéder à un bel établissement, le « fleuron » de l’académie. C’est beau, c’est généreux ! On applaudit des deux mains.

Le courage des politiques … c’est de rendre possible cela en quelques signatures, sans se poser plus de questions !

Plume, dans sa classe de 30 élèves quand ce n’est pas plus, accueille désormais des collégiens qui ne maîtrisent pas les codes sociaux, langagiers et d’autres enfants pour qui ces normes sont acquises. L’hétérogénéité est extrême, aux problématiques scolaires s’ajoutent celles liées à l’inclusion d’élèves en situation de handicap, d’élèves allophones. Plume ne parvient pas à tous les accompagner, la pédagogie différenciée qu’elle devrait mettre en place consiste en la déclinaison de sa leçon en une dizaine de versions adaptées à la situation de chacun pour chaque heure ! Est-ce réalisable ? Quelqu’un s’en est-il soucié ?

Plume peine à canaliser l’énergie de ces jeunes esprits, d’autant que l’année passée, ceux qui étaient alors des écoliers se retrouvaient au maximum à 24 par classe. Des incidents émaillent désormais ses cours, elle, qui jusqu’alors, avait une gestion de classe impeccable. Ce sont des graffitis (obscènes, antisémites au milieu de tags et autres dessins, …), des incivilités, des jets d’objets, des insultes, parfois des jeunes qui quittent son cours sans autorisation quand ils viennent… Il y a cette agressivité latente, permanente, cette insécurité qui fait qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que son cours ne dérape ! A l’extérieur, dans les couloirs, la cour, c’est le même décor : des vols, des bagarres, des jets de pétards, des toilettes ravagées, …

Plume songe à ces rencontres avec des familles démunies qui vivent comme une injustice le fait que leur enfant prenne le tram, tôt  à 7h00 pour se rendre à 40 min de leur domicile, dans ce « bel » établissement alors qu’il existe un collège dans le quartier. Certes, il est petit le collège du quartier, mais quand même. Personne parmi nos politiques ne réalise que quand on a 11 ans, une heure et demi minimum de trajet dans les transports en commun par jour, c’est énorme. Au nom de l’égalité sociale, le « courage de nos politiques » n’aurait-il pas engendré une énorme inégalité sociale ? De celle qui fait que pour les parents de milieux plus défavorisés, se rendre au collège pour rencontrer un membre de la communauté éducative s’apparente à un parcours du combattant (il faut organiser la garde des plus jeunes, emprunter les transports), pour affronter une réalité parfois morose celle de constats scolaires, éducatifs fragiles. Pas très attractif tout ceci.

Plume aime pourtant l’ambiance de cette salle des professeurs et la solidarité qui semble en être l’ADN. Et, dans le même temps, Plume est lasse des injonctions de l’équipe de direction, des punitions qui ne sont pas suivies, de ce sentiment d’impunité qui monte avec les violences verbales, physiques et de ce miroir que renvoie une administration impassible : « vous avez des difficultés personnelles actuellement ? vous savez les jeunes aujourd’hui, ils sont ainsi ! il faut les comprendre. Peut-être une petite formation pendant vos congés sur la gestion de classe ? ».

Où est le courage de cette hiérarchie qui minore tout et trouve toujours des excuses aux auteurs de faits répréhensibles ? Et si on appelait un chat, un chat !

  • Un collège trop loin du domicile, des effectifs dans les classes trop chargés, des moyens humains insuffisants ;
  • Des familles démunies, elles-mêmes en rupture scolaire, sociale ;
  • Des professeurs exposés, usés, incompris, ignorés, parfois méprisés, menacés, sous pression, mal payés, …
  • Une autorité fonctionnelle conditionnée au #pas de vague, qui étouffe tous les signaux, les appels au secours, qui diffère ses décisions, renvoie l’arbitrage de situations à d’autres membres de l’équipe, quitte à les déjuger si d’aventure le mécontentement par rapport à cette action télécommandée à distance se manifestait. Tout se passe comme si le pilotage d’un établissement pouvait s’affranchir de la responsabilité des décisions prises par le seul vrai responsable : le chef et non ses collaborateurs. Une hiérarchie en mode illusion, qui s’attache davantage au paraître qu’à l’être et qui se faisan casse le thermomètre et fausse tout le système !

Des mots, des promesses de politiques !  Un flou entretenu à coups de planifications de travaux, de moyens dégagés sur cinq ans, planification revue, étalée encore dans le temps.

Plume se souvient comment, lors d’un mouvement spontané de grève, une OS avait demandé à une collègue de retirer son nom d’une motion parce que le chef d’établissement était adhérent au même syndicat. De la compromission à tous les étages, des arrangements entre amis. Elle est belle, la famille Education Nationale.

Plume avait pu, alors, observer le déminage de cette situation par les collaborateurs zélés de l’époque, les pauvres attendaient une mutation dont la concrétisation serait fonction de leur « loyauté » envers le chef. Elle avait constaté les pressions ouvertes sur les collègues TZR (« vous allez favoriser l’évitement et vous n’aurez plus votre poste, l’an prochain » ; « vous demandez ce poste à profil ? cela demande de s’investir au collège »), tous ces collègues courageux qui avaient osé briser la langue de bois, décrire la réalité s’étaient retrouvés du jour au lendemain pointés du doigt, comme de vilains petits canards qui se plaignaient, désinformaient, complotaient, conspiraient contre le pouvoir en place. On avait alors désigné une OS plus courageuse que les autres comme conspiratrice suprême et justifié les actions entreprises par ce syndicat comme orienté par un ancien chef d’établissement du collège. Théorie du complot invraisemblable mais dont le scénario avait été efficace. Pauvre monde …

Une hiérarchie institutionnelle qui fait ce qu’elle a toujours su faire avec un art certain : de la gestion administrative, à moyens constants ! On charge ainsi la barque et puis, un jour, à force la situation devient intenable, ce n’est même l’inertie qui guette c’est le naufrage !

Ce soir, Plume en fermant la porte de sa salle, le cœur gros, a décidé que ce serait son dernier soir.

 » Le « fabuleux » destin de Plume ne doit pas être une fatalité, le SNALC est un syndicat indépendant, qui saura vous accompagner dans toutes les étapes de votre carrière. « 

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur print
Partager sur email

Lire aussi