Cela ne devrait pas nous surprendre étant donné que ce corps est la cible d’un triptyque qui s’est mis en place depuis un certain temps au ministère de l’Education nationale. Ce triptyque se compose d’un courant purement comptable dont l’un des messagers récurrents est la Cour des comptes, d’un courant idéologique constitué de Terra Nova, incubeuse officielle du PS, ou de l’UNSA, et enfin du courant des pédagogistes symbolisé par ces spécialistes en sciences de l’éducation en tout genre et dont le porte-voix est le SGEN-CFDT.
Le premier aspect qui paraît le plus évident est bien entendu purement comptable. Les agrégés coûtent cher et sont donc une cible évidente pour les gestionnaires. Il faudrait juste rappeler qu’à niveau d’études égal, les agrégés ne sont pas uniquement sous-payés par rapport aux salariés du privé, chose admise dès le départ, ils sont également scandaleusement sous-rémunérés par rapport aux autres salariés cadre A de la fonction publique. Cette catégorie aura toujours été oubliée lors des précédentes améliorations de carrière des autres catégories enseignantes, qui étaient d’ailleurs à chaque fois justifiées.
Le deuxième aspect est purement idéologique. L’agrégation, constitutive de ce corps d’enseignants, est le symbole-même de la notion d’effort, inhérente à celle d’excellence. Effectivement, que cela soit à travers les années d’études supplémentaires et exigeantes effectuées pour passer l’agrégation externe, le travail consenti en supplément d’un service à temps complet pour passer l’agrégation interne ou enfin à travers l’excellence d’un parcours professionnel récompensé par une liste d’aptitude, la valeur de l’effort est récurrente. Mais, ce terme est honni, banni dans le nouveau langage idéologique, il est désormais remplacé par des termes inégalitaires voire discriminatoires. Les agrégés sont des « privilégiés » et leur statut est désormais considéré comme une « inégalité d’un autre temps » !
Enfin, le troisième aspect est purement pédagogique. Alors que les disciplines sont attaquées à travers la dernière réforme du lycée et la future réforme du collège, les agrégés en tant que symboles d’une excellence disciplinaire sont une cible à abattre. Ils sont l’ennemi des autocrates de la rue de grenelle pour qui seul le moyen de transmission compte et le savoir à transmettre est partie négligeable. Alors qu’on nous vend à tour de bras l’interdisciplinarité, la pédagogie de projet vidée de tout contenu savant, les agrégés sont témoins au lycée et dans l’enseignement supérieur des dégâts occasionnés par ces méthodes dévastatrices (cf. la lettre adressée au ministère par l’UDPC, la SFP et l’UPS sur le sabordage de la physique chimie). Il s’agit donc en quelque sorte d’éliminer des témoins gênants.
En conclusion, le SNALC continuera contre vents et marées de soutenir avec force une revalorisation des agrégés et rappellera avec détermination l’importance des agrégés dans le système éducatif français.
Nous appelons d’ailleurs les agrégés à soutenir le combat des collègues contre la réforme du collège qui est intiment lié comme nous venons de le voir à l’attaque en règle contre le corps des agrégés.