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Pour qui sont ces selfies qui cliquent sur vos têtes ?

D'après istockphoto-675436340
© D'après istockphoto-675436340

Edito du SNALCTUALITES du 7 mai 2024

 Par Jean-Pierre GAVRILOVIĆ
Président du SNALC de l’académie de Strasbourg

Dans le théâtre de l’éducation nationale, le spectacle est devenu aussi régulier qu’une série de télé-réalité, mais avec une dose inquiétante de drame. Les élèves jonglent avec les insultes et les coups, dans un déchaînement de violence débridée abondamment relayée par les écrans, la laïcité est mise à mal comme une coquille d’œuf dans un jeu de boules, les personnels pataugent dans des conditions de travail de plus en plus dégradées, voire dangereuses, le tout dans un décor d’écoles et d’établissements qui attendent en vain d’être modernisés.

Et pendant ce temps, que se passe-t-il au palais ? En 2014, nous avions dénoncé le train de vie hors sol d’un ancien recteur de notre belle académie. Dix ans après, le SNALC fait le constat que les murs du n°6 de la rue de la Toussaint sont encore bien étroits au vu de la taille des égos qu’ils abritent.

Entre les boiseries de la salle de cérémonie du rectorat, où se tiennent les instances paritaires au cours desquelles se décident des enjeux comme le budget du système éducatif ou le sort des quelque 29 000 personnels de l’académie, le SNALC a assisté à une scène digne du festival de Cannes : des élus d’un syndicat complaisant réclamant des selfies avec Monsieur le recteur, l’ensemble prenant des poses dans un air de béatitude empruntée. Oui, mes amis, des selfies pendant que les enseignants tentent désespérément de maintenir l’ordre dans des salles de classe bondées parfois transformées en arènes, comme si la résolution de nos problèmes éducatifs pouvait être trouvée dans un filtre Instagram.

On prend des airs, on se pavane dans un entre-soi courtisan, visiblement plus préoccupé par son image que par l’état des lieux du terrain où, nous le constatons au quotidien – et beaucoup d’entre eux gagneraient à s’y confronter –, le climat scolaire se détériore plus rapidement qu’un glacier en plein désert. La violence est devenue aussi banale qu’un café matinal où s’est depuis longtemps dissout le respect de l’autorité. Qu’importe, on verra ça plus tard !… l’heure est à la recherche de l’angle flatteur sur les clichés.

Alors que faire dans ce cirque éducatif ? Il est grand temps de mettre fin à des postures narcissiques pour poser un regard lucide sur les défis qui nous attendent et se donner les moyens de les affronter ensemble, de prendre des mesures fermes, des engagements courageux. Dans cette Comédie de l’éducation, la lumière ne devrait pas éclairer celui qui se prête au jeu de la caméra, mais plutôt tous ceux qui, anonymes, hors plateau, dans l’ombre et parfois la poussière, font de leur mieux pour porter à bout de bras un système qui ne repose plus que sur leur immense professionnalisme. Le SNALC les connaît bien : il les écoute, il les accompagne, il les défend, souvent victimes d’incompétences, parfois même de malveillances, dans un cadre qui dysfonctionne, comme le montrent les articles de cette lettre.

Pourtant, ces professeurs, ces agents, titulaires ou contractuels, sont ceux qui mettent tout en œuvre, jusqu’à leur santé, pour transmettre les valeurs et principes de la République, pour que l’École continue d’instruire et de former des citoyens éclairés dans un monde libre, et non des délinquants ou des influenceurs égocentrés.

Chacun de nous peut avoir un rôle pour redresser la barre dans ce système en déroute, pour retrouver des conditions de travail sereines et un climat scolaire apaisé. Mais pour servir cet objectif, nous avons besoin de pilotes expérimentés et réellement impliqués au service de cette grande cause qu’est l’Éducation. Le temps du boniment et de la monnaie de singe est révolu : il faut à présent passer aux actes et se donner les moyens, de vrais moyens.

Le SNALC est un syndicat indépendant et sans compromission : il continuera de dénoncer les impostures, sans langue de bois.

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