«Pouvez-vous nous parler du Listenbourg ?»

A l’heure actuelle, les réseaux sociaux sont en plein essor et permettent un accès immédiat aux informations. Dans cette perspective, tout le monde revendique le droit de donner son avis sur n’importe quel sujet. Demandez par exemple à quelqu’un de vous parler du Listenbourg (1), il est fort probable qu’après un ou deux clics sur son clavier, il aura le sentiment d’avoir tout compris et s’autorisera un avis tranché sur la question.  

Dans cette course effrénée à l’audimat, il faut toujours garder à l’esprit que certaines chaînes d’information doivent bien attirer les téléspectateurs, quand on ose 24 heures d’information en continu. Il faut savoir occuper  « le temps de cerveau humain disponible » (2) durant ce créneau. On vous renvoie régulièrement aux études universitaires sur ce type de chaîne d’information en continu faisant appel à l’argument d’autorité qui consiste à accorder de la valeur à un propos en fonction de son origine plutôt que de son contenu. Tout un chacun doit donc prendre de la hauteur et du recul pour ne pas se retrouver dans un état de sidération (ou « d’abrutissement » selon la formule de Flaubert qui parlait déjà de la presse en ces termes, au XIX è siècle). Nous avons donc souvent affaire à des habitués du petit écran qui livrent systématiquement leur avis « d’expert » sur tous les sujets d’actualité. Et quand on entend le nombre d’approximations sur un sujet aussi essentiel que l’éducation, on comprend que tout cela ressemble fort à une supercherie, s’agissant de l’évocation des autres thématiques liées à l’actualité. Bien entendu, il ne s’agit pas de vouloir jeter ici l’opprobre sur toute la presse, ce qui serait trop facile et sûrement injuste, mais bien de veiller à garder un esprit critique face à ce déferlement d’informations et au dérangeant parti pris de certaines narrations journalistiques.

Au moment où tout le monde souhaite exprimer son opinion et trouver des oreilles attentives, qu’en est-il de notre syndicat ? Le SNALC est un syndicat représentatif, permettant aux personnels de l’éducation de pouvoir se faire entendre par l’intermédiaire de leurs collègues représentants syndicaux. Le SNALC analyse avec attention les sujets d’actualité et, fort de son expérience, de la richesse des échanges en son sein et de son expertise en matière éducative, souhaite attirer l’attention sur le poids des mots et l’importance de l’information objective. Notre organisation syndicale porte une voix propre permettant aux membres et sympathisants qui lui font confiance, de se faire entendre. Et quand on demande au SNALC de nous parler du Listenbourg, ou d’un sujet qui ne relève pas de sa compétence, il osera répondre par un « je ne sais pas », qui dans ce contexte de bruit permanent est le bienvenu. Se faire entendre dans tout ce brouhaha est un enjeu crucial pour laisser la vérité et l’expertise triompher. La plus belle censure étant représentée aujourd’hui par le surplus d’informations, dont nous sommes littéralement inondés… Ou encore, tout aussi efficace malheureusement, si on n’y prête pas attention, les attaques faciles sur une prétendue étiquette politique de tel ou tel syndicat, organisation ou association. Ces stratégies de disqualification, souvent sans fondement, sont à dénoncer. Le SNALC, quant à lui, se revendique libre et indépendant, conformément à l’article premier de ses statuts (3). Il accueille en son sein un ensemble de personnes qui lui apportent donc une coloration hétéroclite, mais portées par des valeurs communes. Quand ces valeurs sont bafouées, le SNALC se montre intransigeant et n’hésite pas à cesser toute collaboration. Les enseignants méritent de pouvoir trouver une diversité de représentation. La position du SNALC est claire : on s’adresse à tous, dans le cadre exclusif de questions professionnelles, quelle que soit l’appartenance sociale, ethnique, religieuse, politique. C’est aussi cela un syndicat juste et courageux.